Ados, adultes, les nouvelles incompréhensions

Article de la sociologue française Monique Dagnaud paru sur le site web Slate.fr le 26 avril 2012.

« Qui de votre entourage compte le plus pour vous aider à devenir adulte? MAMAN, plébiscitent en cœur 92% des adolescents de 15-18 ans interrogés dans une enquête sur les rapports adolescents/adultes. Le père (74%) vient après, puis, dans l’ordre, les amis, les frères et sœurs, la grand-mère et bien plus loin, les professeurs. Cette hiérarchie des affects signale une inflexion car, apparemment, pour les générations antérieures (les plus de 25 ans), interrogées aussi dans cette enquête, ce tropisme maternel/familial était moins prononcé. Cette tendance «maman tu es la plus belle du monde» rend compte d’une évolution connue: l’univers éducatif d’aujourd’hui est marqué du déclin de la figure paternelle au profit de l’image de la mère –perçue parfois comme une «big mother tulélaire», débordante d’amour et toute dévouée au bien-être de son enfant, devenue la cible de certains psychanalystes. »

L’enquête révèle une autre donnée: pour les jeunes d’aujourd’hui, «la tradition c’est important» (71% d’entre eux), une affirmation qui recueille un score radicalement plus faible chez les adultes.

Enfin près de la moitié des adolescents aimerait que leurs parents leur parlent davantage de leur passé… comme si ceux-ci demeuraient assez silencieux sur celui-ci. Certes, il serait exagéré de taxer ces jeunes de «tradi», mais la ferveur pour une boussole parentale est bien là.

Ce tableau éreinte une certaine image de l’adolescence. Celle-ci, en effet, est souvent appréhendée comme une phase de rupture avec le cocon familial. Dans la plupart des sociétés, y compris les plus primitives, la socialisation à l’approche de la puberté se fait hors du milieu social d’origine. »

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