Entretien avec Jean-Marie Lacrosse publié dans Résolument jeunes, n°23, juin-août 2008.
Propos recueillis par Florence Watteyne.
Florence Watteyne : Le Collège européen de Philosophie Politique que vous avez fondé a organisé en 2007-2008 quatorze après-midi de réflexions sur le thème des enfants, des jeunes et des médias. Un gros morceau donc. Quel était votre objectif ?
Jean-Marie Lacrosse : L’objectif général du Collège est de sortir des sujets aussi importants pour notre avenir commun que ceux que vous venez d’énumérer de la confusion dans laquelle ils baignent aujourd’hui. L’état actuel des choses nous oblige à inventer de nouvelles méthodes pour sortir de ce qu’il faut bien considérer comme un nouvel obscurantisme démocratique. Un obscurantisme aussi dangereux que celui qu’ont dû combattre les philosophes des Lumières au 18ème siècle où régnait l’obscurantisme des préjugés, des superstitions et des fanatismes. Deux types de discours sociaux occupent aujourd’hui le devant de la scène : le discours idéologique des droits de l’homme – je dis bien, l’idéologie des droits de l’homme, pas les droits de l’homme, ce n’est pas du tout la même chose – et le discours des experts. Ces deux types de discours ancrés dans une réalité légitime, je m’empresse de le souligner, instaurent une vision des problèmes « par le petit bout de la lorgnette » comme on disait jadis. Nous devons donc reconquérir un point de vue de l’ensemble, une intelligence générale du monde humain. Le CePPecs se définit lui-même comme une sorte de « lobby de l’ensemble ».
FW : On comprend bien ce rétrécissement de la perspective en ce qui concerne la multiplication des expertises mais pour ce que vous appelez l’idéologie des droits de l’homme, c’est moins évident.
JML : Les droits de l’homme ont un rôle déterminant à jouer dans notre monde. Ils sont à la source de la distinction du légitime et de l’illégitime, un rôle identique en politique à celui de la pierre de touche qui permettait autrefois d’éprouver la qualité des alliages d’or et d’argent. L’idéologie des droits de l’homme consiste à tirer de ce rôle indispensable une grille de lecture du monde et un programme pour l’action collective. Le hic c’est que les droits de l’homme se bornent à énoncer ce qui devrait être sans rien dire des moyens à mettre en oeuvre pour y arriver. Pire même, ils tendent à disqualifier la description, l’analyse, la réflexion sur ce qui est au nom de l’urgence à agir en fonction de ce qui devrait être. Les obstacles, les difficultés, les problèmes ne devraient pas exister. S’ils existent, c’est en tant que mal qu’il faut sans relâche condamner et dénoncer, ce qui est censé en épuiser la compréhension dont on fait alors l’économie. Voilà en quoi on peut parler d’un nouvel obscurantisme dont le foyer principal est situé dans les médias.
Je prends un exemple dans notre domaine. On parle beaucoup ces temps-ci de responsabilisation des parents et des familles à l’occasion de divers méfaits dont se sont rendus coupables leurs enfants adolescents. On a même inventé un mot : la reparentalisation. L’idéologie, c’est-à-dire l’unilatéralisme de la réponse proposée, s’insinue dans l’absence d’analyse et de compréhension du phénomène. La responsabilité des parents et des enseignants suppose qu’on leur confère une autorité qu’ils ont perdue et que ceux même qui préconisent ces mesures ont tendance à décrier en confondant autorité et autoritarisme. Et puis, sommes-nous sortis de l’autorité comme on le pense parfois ? Il y a toujours autorité. C’est la société qui, via les médias et de façon diffuse, secrète la norme de l’indépendance et des droits individuels. C’est une autorité sociale supérieure qui invalide aux yeux de leurs élèves ou enfants l’autorité des parents et des enseignants. C’est elle qui en dénonce le caractère dérisoire. Seule la mise à plat réfléchie de ces questions pourra mettre un terme aux querelles de fous et aux cercles vicieux infernaux qui colonisent de plus en plus notre vie quotidienne.
FW : Qu’est-ce donc que la philosophie politique, au sens où vous l’entendez, a à nous apprendre sur les enfants, les jeunes et les médias ?
JML : Beaucoup de choses ! En premier lieu, elle nous permet de mesurer les énormes bouleversements des conditions dans lesquelles les enfants et les adolescents sont amenés aujourd’hui à entrer dans la vie et à faire l’expérience du monde, des bouleversements dont nous semblons avoir énormément de mal à tirer les conséquences. Sur ces points, toutes les analyses de nos invités convergent : nous sommes entrés à l’aveugle dans une nouvelle étape de l’aventure humaine dont nous apercevons encore très mal les contours.
Ensuite, sur les deux dimensions essentielles qui pèsent le plus lourdement sur ces nouvelles conditions de l’entrée dans la vie : la désinstitutionnalisation de la famille et la montée en puissance de la télévision ou mieux des médias. La décomposition de l’institution familiale a des conséquences à tous les niveaux en amont et en aval. Je me contenterai de souligner la plus facile à discerner. Quand la famille n’est plus une institution, elle ne fournit plus le pôle qui donnait un visage à l’idée même d’adulte, à la maturité. La maturité s’identifiait avec l’idée de fonder une famille et de contribuer à la reproduction de l’espèce. Comment les jeunes peuvent-ils se représenter la sortie de cet état transitoire qu’était la jeunesse quand ce repère est perdu ? Que peut vouloir dire pour eux « finir leurs études » ou entrer dans la vraie vie quand leurs parents désertent ce qui rendait visible la fin d’un âge de la vie et l’entrée dans un autre ? La présence massive de la télévision dans les « nouvelles » familles accentue encore le processus.
De ce point de vue, nos conférenciers nous ont invité à revisiter l’interminable débat sur les effets des images violentes à la télévision. Il faut, nous disent-ils, sortir d’une vision mécanique de ces processus, comme s’il y avait un lien direct entre la violence représentée et la violence agie par les adolescents. Encore une fois, il faut poser le problème de façon plus globale. Dany-Robert Dufour propose en ce sens une métaphore saisissante : la télévision est en fait devenue une sorte de famille de substitution, un « troisième parent ». Dominique Ottavi, elle, insiste sur le fait que, si nous n’avons pas de certitude sur la manière dont agissent les représentations sur le psychisme, nous en avons par contre sur ce qui constitue en grande partie l’environnement éducatif de l’enfant et du jeune aujourd’hui. La télévision et la culture qu’elle véhicule majoritairement est une culture de l’immaturité qui dévalorise systématiquement l’état adulte, état perçu comme limitatif, « castrateur », enfermant sur tous les plans, aussi bien sentimental que professionnel ou social.
FW : Bon, tout cela est dans l’air du temps. Mais finalement, où est le problème ? En majorité les jeunes sont plutôt « cool » et décontractés, les familles détendues, la télévision et les médias aident à vivre comme l’expliquait un de vos conférenciers…
JML : Ce que vous dites là confirme le bien fondé d’une démarche qui articule différents points de vue et différentes disciplines. La fragmentation et le morcellement des savoirs empêchent de voir comment des problèmes peuvent rejaillir d’une sphère de l’existence collective sur une autre. En sociologie, les problèmes de l’école sont étudiés par la sociologie de l’éducation. A côté de cela, vous avez la sociologie de la jeunesse, la sociologie de la famille, la sociologie des médias, etc. Ces découpages disciplinaires empêchent de capter ce que l’on peut appeler au sens le plus littéral le noeud des problèmes. S’il y a un constat partagé par tous les conférenciers, c’est bien celui des difficultés extrêmes que rencontre l’école à tous les niveaux, de la maternelle à l’université. Par ailleurs, il y a beaucoup d’études sur les nouvelles familles que l’on aime à nommer recomposées. Celles-ci apparaissent comme l’aboutissement d’un long processus d’émancipation et d’égalisation des individus et en tant que telles vouées à assurer le bonheur et l’épanouissement des enfants qui y sont élevés.
Mais comment ces familles conçoivent-elles leur responsabilité éducative ? Là-dessus, très peu d’études alors qu’en réalité le problème principal devient pour les enfants : comment passer de ce monde chaleureux où chacun est reconnu dans sa singularité personnelle au monde nécessairement impersonnel des institutions et de la société adulte où vous n’existez qu’en tant qu’un parmi d’autres ? Jusqu’à récemment, la famille collaborait avec l’école pour assurer ce passage vers la grande société. Aujourd’hui, la famille se conçoit d’abord comme un refuge contre cette société dangereuse peuplée de pédophiles et de tueurs en série (les symboles qui cristallisent au plus haut point cette dangerosité de la société). Comment dans de telles conditions, avec l’image que les parents ont de l’école, comme une institution où leurs enfants ne seront pas reconnus dans leur singularité, les enfants ou les adolescents auraient-ils envie d’y aller ? Et bien c’est simple, ils n’ont plus envie. D’où le développement de l’absentéisme, des phobies scolaires, du décrochage précoce (pour 40 % d’entre eux en Wallonie, montrait une étude récente de l’ULG), des problèmes dont il faut le rappeler la source ne se trouve pas dans l’école. Car enfin, on a toujours su qu’on pouvait s’ennuyer à l’école, qu’apprendre demandait des efforts soutenus, que tous les enseignants n’ont pas les mêmes vertus charismatiques.
FW : Ca c’est surtout le problème des premières années d’école mais qu’en est-il des niveaux supérieurs ?
JML : Les problèmes engendrés par les conditions initiales de l’existence ne disparaissent pas par enchantement ou par miracle quand nous vieillissons. Cela, la psychanalyse nous l’a suffisamment fait comprendre, pas besoin d’y insister. Nous restons toujours à l’âge adulte les enfants que nous avons été. Il y a un film qui démonte ce mécanisme avec subtilité : « Tanguy » d’Etienne Chatiliez. Vous rappelez-vous la phrase que prononce sa mère au début du film : « Tu es tellement mignon, si tu veux, tu pourras rester à la maison toute ta vie » ! Au niveau supérieur, en réalité, de nouveaux problèmes apparaissent comme ceux que détaillent Dominique Pasquier et Marie-Claude Blais dont les contributions sont présentées plus loin. Ainsi, si l’on suit Dominique Pasquier, c’est toute la sociologie de l’université qui est à reprendre sur de nouvelles bases. Celle-ci, on le sait, s’appuie encore largement sur les célèbres analyses de Bourdieu et de Passeron datées des années 1960, l’université comme instance de reproduction des inégalités sociales via la réussite scolaire et la conquète des diplômes les plus rentables socialement. Ces analyses restent en partie vraies mais elles reposent sur un postulat qui lui s’avère aujourd’hui totalement faux : la culture dominante est la culture légitime, c’est-à-dire en gros la culture du passé, les classiques, la haute culture, etc.
Aujourd’hui en réalité, c’est la culture populaire, celle que véhiculent les médias, qui fait office de culture dominante. Dans les nouvelles familles, la socialisation verticale ne fonctionne plus. La génération actuelle des jeunes – c’est une première dans l’histoire humaine – s’est totalement autonomisée vis-à-vis de la génération des adultes. Elle a en quelque sorte opéré une sécession vis-à-vis de ce qui était encore considéré il y a peu comme la culture vraiment légitime. Dans les familles, les parents ne s’opposent pas à la culture de leurs enfants, même dans les couches favorisées. Ils ont renoncé à se battre pour amener leurs rejetons à s’intéresser à d’autres formes culturelles que celles véhiculées par les médias, même s’ils se battent éventuellement pour assurer leur réussite scolaire, ce qui est tout autre chose.
Or, il est évident que l’enseignement à l’université – comme son nom l’indique encore – ne peut rester cantonné à ce domaine restreint. Il englobe nécessairement l’humanité dans son ensemble : son histoire, ses civilisations, ses formes culturelles transmises à travers la littérature, l’art, les religions, etc. Intégrer le sens du passé dans la conscience du présent, montrer que le passé est autre chose que cet interminable cortège de barbaries auquel nous le réduisons, que si l’humanité est fondamentalement une, il y a eu, il y a et il y aura encore d’autres manières d’être homme, voilà qui est devenu aujourd’hui mission impossible et source d’un nouvel ethnocentrisme égalitaire, voire d’une nouvelle barbarie dans la production de laquelle, pour revenir à ce que je disais au début de cet entretien, l’idéologisation des droits de l’homme joue un rôle déterminant. Ce fantasme de rupture avec toute l’humanité précédente, assimilée à une sombre préhistoire, a d’ailleurs une source parfaitement identifiable : elle est le legs le plus funeste de ma génération, la génération 68. C’est elle qui a nourri le fantasme d’un passé obscur et barbare dont elle aurait enfin extrait l’humanité par ses propres efforts, la faisant accéder ainsi à une forme normale, épanouie et pour tout dire terminale. Comment pourrait-on faire mieux après cette héroïque entreprise de libération des femmes, des enfants, des fous, des anciens esclaves ?
FW : Voilà une question dont on a beaucoup parlé ces derniers mois à l’occasion du quarantième anniversaire de mai 68. Est-ce que vous vous rangeriez dans les anti-68 ?
JML : Je récuse entièrement ces qualifications de pro et anti. C’est comme si je devais me définir comme pro-jeune ou anti-jeune. La philosophie politique n’est pas une distribution de prix genre « Star Academy ». Il faut sortir de ces querelles stériles. En réalité, nous savons très bien nous poser en critiques des périodes révolues de l’histoire humaine que je viens d’évoquer. Vues d’ici et maintenant, comment les croisades, l’inquisition, la colonisation ont-elles pu exister ? Voilà des questions que nous ne cessons de nous poser. Pourquoi sommes-nous incapables d’appliquer le même tamis à la période récente ?
Depuis quarante ans, il n’y a qu’un ou deux livres qui ont appliqué cette démarche critique (ici plus justement autocritique), aux événements de 68 et à l’attitude postérieure de la génération qui s’est identifiée à ces événements. Le livre de Jean-Pierre Le Goff, « Mai 68, l’héritage impossible » (La Découverte, 1998 ; poche, 2006), n’a pratiquement pas été discuté. Il souligne fortement l’ambivalence de l’événement en dissociant gauchisme culturel et gauchisme politique. Celui-ci a très vite échoué et a été remisé dès le début des années 70, sans cependant que cette renonciation à l’horizon révolutionnaire soit jamais clairement avouée. Le titre du livre récent de Virginie Linhart, fille d’un des ténors du maoïsme français, est à lui seul extrêmement parlant si l’on peut dire : « Le jour où mon père s’est tu » (Seuil, 2008). C’est toute une génération qui s’est tue sur cet échec et les leçons qu’il convenait d’en tirer. D’autre part, comment ne pas voir que c’est le gauchisme culturel, l’autre face de mai 68, qui s’est diffusé dans toute la société belge comme française « façonnant, écrit Le Goff, un nouveau modèle de l’individu, totalement autonome et sans racines, sans dette ni devoir. Un modèle qui rend aujourd’hui problématique l’idée même du vivre ensemble et de l’engagement politique ».
FW : Les générations actuelles ne sont, selon vous, porteuses d’aucune révolte ? Pourtant, les jeunes sont souvent dans la rue ces derniers temps. Que signifient alors ces manifestations qui se succèdent à un rythme accéléré ?
JML : Il y a deux ans, mes étudiants m’avaient entraîné dans l’une d’entre elles. Ils scandaient tous en chœur, très joyeusement : « Qu’est-ce qu’on veut ? Des sous. Quand ça ? Maintenant ». Voilà qui avait le mérite d’être clair ! En réalité, ces mobilisations sont très diverses dans leurs formes, leurs thèmes et leurs dynamiques mais elles ont toutes le même foyer : la défense des droits individuels et le rejet de tout ce qui porterait atteinte à ces droits. En ce sens, elles attestent que les jeunes participent pleinement de la démocratie des individus dans laquelle nous sommes entrés il y a une trentaine d’années. Ils s’y sont parfaitement « intégrés ». Plutôt que de révolte, je préférerais donc parler de malaise car, à part de toutes petites minorités qui veulent en découdre, il n’y a rien de vraiment insurrectionnel dans ces mouvements. Il y a bien une contestation de la société existante mais elle est surtout due au peu d’envie d’y entrer que suscite, en l’état actuel, cette démocratie des individus, de fait pas très enthousiasmante.
FW: Vous êtes sévère…
JML: Je ne crois pas. En fait, pour y voir plus clair, il faut replacer les mouvements de jeunes dans une perspective de longue durée. Ils naissent vers la fin du 18ème siècle à peu près en même temps que la conscience historique. Plus les sociétés se tournent vers l’avenir -ce que veut rigoureusement dire le mot « sociétés de l’histoire »- plus elles valorisent la jeunesse, incarnation par excellence de l’avenir, un avenir meilleur, si possible, que le présent. D’où l’importance croissante accordée pendant ces deux siècles à l’éducation et à la formation des nouvelles générations. Mai 68 a représenté l’apothéose de ce mouvement historique. « Les bourgeois, c’est comme les cochons… » chantait alors Brel. Aujourd’hui, les jeunes sont reconnus comme des acteurs à part entière ce qui leur ôte une bonne part des motifs de révolte qui consumaient leurs devanciers. Ils ne sont plus des Rimbaud, des Verlaine, des Gérard de Nerval -d’un côté, tant mieux- ils sont devenus des Tanguy.
Nous sommes donc devant une situation éminemment paradoxale. Les jeunes hésitent à reprendre l’histoire à leur compte avec les sacrifices qu’exige impitoyablement l’engagement collectif. Pour l’heure, en tout cas, leurs aspirations les amènent à s’en détourner au profit de leur autonomie et de leur épanouissement individuel. De plus, si la génération de 68, la mienne, leur a donné un statut politique et des droits individuels, elle ne leur a pas transmis les clefs et les repères intellectuels nécessaires pour agir efficacement sur le monde. Ne s’étant jamais vraiment expliquée elle-même avec son histoire, elle n’a pas pu l’expliquer à ses enfants. C’est donc bien à ma génération, les soixante-huitards, que s’adresse donc ce qui vous paraît être de la « sévérité ».
Il faut oser regarder froidement la situation dans laquelle nous a placé ce que nous appelons crise de la transmission – en fait, le mot me semble beaucoup trop faible pour désigner ce dont il est question. Je ne peux pour le faire comprendre que reprendre ici un court extrait d’un texte récent de Marcel Gauchet (« Bilan d’une génération », Le débat, n°149, mars-avril 2008).
« Anthropologiquement parlant, en effet, la génération 68 se sera trouvé être celle de la désagrégation du mécanisme social de la relève des générations. Ce pourquoi elle fait figure, en un certain sens, de dernière génération. La dernière génération, en fait, a avoir bénéficié du travail de mise en place et de mise en scène des successeurs par leurs prédécesseurs. Les prochaines auront à se tailler une place par leurs propres moyens : elles ne sont pas plus attendues qu’elles n’ont été préparées pour ce faire. (…) Le résultat est qu’au final la barrière est encore plus haute qu’avant. L’entrée dans la vie en devient, pour un très grand nombre en tous cas, peut-être pour le plus grand nombre, d’une difficulté redoublée, en dépit du sort incomparablement enviable dont bénéficie la jeunesse d’aujourd’hui. Tel est le changement de mode de reproduction qui se cache derrière le renoncement éducatif de la génération. Elle a bel et bien été l’agent de quelque chose comme une révolution – pas du tout celle qu’elle croyait, simplement. »
Propos recueillis par Florence Watteyne.