Croissance, crise et dépérissement de la politique

« La croissance est une mesure collective du progrès a minima visant, par sa simplicité et son objectivité monétaire, à emporter l’accord implicite de tous. Elle est l’accord sur lequel peuvent se former tous les désaccords. Elle atteste que, faute de choisir en amont une direction à l’orientation de nos sociétés, nous acquiesçons à celle qu’esquisse l’agrégat des forces économiques additionnées pêle-mêle. Au lieu de viser un résultat, nous attendons la résultante : nous ne sommes plus véritablement dans la politique. Or la crise à laquelle nous sommes durablement confrontés pose des problèmes politiques, au premier chef desquels les défis écologiques, la rareté énergétique et une dette publique faramineuse. Cette dernière, cristallisation ultime de l’endettement global auquel ont abouti les déséquilibres évoqués, sera certainement le principal défi politique des années à venir : la maîtrise de la dette nous met directement aux prises avec nos responsabilités politiques. De même, le doute sur les bénéfices de la croissance relativement à son prix constitue un problème d’orientation collective, de choix de la mesure de ce que nos sociétés considèrent comme ayant de la valeur. »

Jérôme Batout et Emmanuel Constantin, Croissance, crise et dépérissement de la politique in Le Débat, n°182, novembre-décembre 2014.

L’article est disponible dans son intégralité en version électronique moyennant un accès payant à cette adresse : http://www.cairn.info/revue-le-debat-2014-5-p-145.htm

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