Remédions à la fracture culturelle française !

Point de vue publié dans le Monde du 21 décembre 2011 par par Rony Brauman, Philippe De Lara, Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet, Jean-Luc Gréau, Catherine et Pierre Grémion, Christophe Guilluy, Jean-Pierre Le Goff, Pierre Manent, Philippe Raynaud et Paul Thibaud.

L’élection présidentielle, nous en approchons au milieu d’une inquiétude collective et d’une confusion que les hommes politiques devraient avoir à coeur de dissiper pour que leurs propositions aient une base crédible. Cette nécessaire clarté, avant d’être celle des faits et des chiffres, doit être celle du cadre de pensée qui leur donne sens. C’est à une telle clarté, dans la manière d’aborder certains problèmes qui nous inquiètent tous, que nous voudrions contribuer.

A propos de la crise des dettes souveraines et de l’Europe, on entretient la confusion en prétendant que l’on va surmonter la crise financière en renforçant de manière précipitée la « gouvernance » européenne pour resserrer la discipline budgétaire, comme si c’était une réponse à la tension entre l’unité monétaire et les écarts séparant les économies réelles. Ce réflexe des responsables de l’Union (toujours en train de « sauver l’Europe ») est d’un style bien connu, trop connu : la fuite en avant, l’avancée à l’aveugle, la décision selon la conjoncture. Une telle absence de recul ne permet guère de prévoir les effets, elle explique qu’on ait négligé l’hétérogénéité de la zone euro et longtemps ignoré le danger des bulles spéculatives : nous en payons maintenant le prix.

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La « France des invisibles »

Emission « Les Matins » sur France Culture du 14 décembre 2011.

Dans la lignée de notre précédent billet sur « Le peuple et la gauche », nous poursuivons notre réflexion sur la question de l’invisibilité du peuple et de son abandon par la gauche socialiste et radicale.

Qui sont tous ces français qu’on ne voit plus (ou qu’on ne veut plus voir), ces classes populaires qui représentent 60 % de la population (ouvriers, employés, retraités, …) ? La France des oubliés fait-elle retour dans le débat politique ? « Rien n’est moins sur, car la seule qui cite la France invisible, c’est… Marine Le Pen ! Déclarant justement dimanche dernier en Lorraine vouloir être la présidente « des oubliés » et des « invisibles. Alors que le vote des classes populaires risque d’être déterminant en 2012, une question taraude nos invités : que fait la gauche ? A-t-elle définitivement choisi, comme lui préconisait un rapport de Terra Nova en mai 2011 d’abandonner les classes populaires et de se tourner désormais vers d’autres catégories sociales ? A-t-elle donc reporté toute son énergie vers d’autres combats, et ce au détriment de la majorité invisible ? »

Avec :
– le géographe Christophe Guilluy, auteur de « Fractures françaises » (Bourin, 2010) et contributeur à l’ouvrage collectif qui vient de paraître « Plaidoyer pour une gauche populaire : la gauche face à ses électeurs » (Editions le Bord de l’eau, 2011)
– le journaliste du Nouvel Observateur Hervé Algalarrondo, auteur de « La gauche et la préférence immigrée » (Plon, 2011)

Lien vers l’enregistrement audio de l’émission

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« Un gâchis phénoménal »

(Source : L’Est Républicain)

L’historien et philosophe Marcel Gauchet, qui donnait une conférence à Nancy, appelle à « une remise à plat » de l’université .

Où va l’université ? Elle ne le sait pas elle-même, répond en substance Marcel Gauchet. Historien, philosophe, rédacteur en chef de la revue « Le Débat », directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, il ne s’inscrit surtout pas dans la lignée des intellectuels de salon se lovant dans un confort conceptuel bardé de certitudes. Les concepts sont pour lui des outils destinés à triturer les mécanismes à l’apparence trop bien huilée pour mettre en lumière les dysfonctionnements cachés de la machinerie, les intentions non avouées de certaines réformes comme… la réforme des universités, la fameuse LRU. Dont il ne s’est pas privé de dire tout le mal qu’il en pensait, lui qui place l’enjeu éducatif au cœur de la société, lors d’une conférence donnée jeudi à Nancy, à l’invitation de l’Isam-IAE.

Un intervenant qui peut paraître iconoclaste au sein d’une école de gestion qui avait pris soin d’étendre les invitations à l’ensemble de Nancy 2. Mais justement parce que les sciences de gestion ne veulent pas être réduites à la caricature du cost-killer costume trois-pièces, et qu’elles s’inscrivent de surcroît dans un cursus universitaire, Marcel Gauchet a fait un tabac devant un parterre de 250 auditeurs, profs et étudiants.

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Le Débat, n°167, novembre-décembre 2011


PUBLICATION
Revue Le Débat, n°167, novembre-décembre 2011, Editions Gallimard.
185 x 260 mm ; 192 pages

Jean Daniel : Le doute est un glaive. Entretien.

Des mondes en mouvement (suite)
Bryan Gould : Le défi chinois.
Perry Anderson : Le Brésil de Lula.
Dina Khapaeva : La Russie poutinienne : morphologie d’un cauchemar.
Zaki Laïdi : Les BRICS : un cartel d’ambitions souverainistes.

Le Rwanda, le génocide et la France
Stéphane Audouin-Rouzeau, Jean-Pierre Chrétien, Hélène Dumas : Le génocide des Tutsi rwandais, 1994 : revenir à l’histoire.
Hervé Deguine, Stephen Smith : Rwanda : des morts qui servent à tuer.
Hubert Védrine : Comprendre le contexte stratégique, sans anachronisme.

Système de santé : de l’impasse à la réforme
Guy Vallancien : Le médecin du XXIe siècle. Sa place et son rôle.
André Grimaldi, Olivier Lyon-Caen : Pour une réforme du système de santé.
Claude Le Pen : Le défi de l’efficience.
Didier Tabuteau : La crise de la médecine : comment en sortir ?
Guy Vallancien : Changer de modèle.
Nicolas Sornin : La santé, affaire d’État.
Bernard Granger : L’AP-HP dans la tempête.

Emmanuel Cauvin : Révolution dans la nouvelle cité électronique.

Autour de À l’épreuve des totalitarismes de Marcel Gauchet
Uwe Backes : Convergences structurelles.
Stéphane Courtois : Volonté de puissance et terreur.
Philippe de Lara : L’empreinte du totalitarisme.
Krzysztof Pomian : La violence et ses phases.
Philippe Raynaud : Les logiques totalitaires.
Marcel Gauchet : Religions séculières : origine, nature et destin.

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Pourquoi tant d’élèves en échec aujourd’hui ?

Article écrit par Jean-Marie Lacrosse et Martin Dekeyser et publié dans Résolument jeunes, 37, décembre 2011-février 2012.

Pourquoi tant de nos élèves sont-ils en échec (1) ? Pourquoi à tous les niveaux de l’enseignement, avons-nous connu ces vingt dernières années une croissance massive de l’échec scolaire ? Lorsqu’on les examine de près, toutes les réponses officiellement reconnues à ces questions s’avèrent extraordinairement consensuelles. L’échec massif que nous constatons, nous affirme-t-on, procède d’une mise en œuvre inachevée des réformes, principalement mais pas seulement, pédagogiques, entamées à l’aube des années 70. La seule réponse possible est donc d’aller jusqu’au bout de cette révolution de l’apprendre : encore plus d’individualisation des contenus et des méthodes, encore moins de cours donnés ex cathedra, encore plus de délestage de ce qui relève de la transmission du passé au profit d’une démarche individuelle de recherche et de co-construction de ses savoirs par l’élève.

Pour rendre les choses parlantes, prenons un exemple personnel. M’étant efforcé pendant 25 ans d’enseigner la discipline sociologique comme une pensée, une réflexion approfondie sur l’histoire et la société comportant inéluctablement une dimension philosophique (ce qu’elle était en fait pour ses pionniers Marx, Tocqueville, Durkheim, Weber, etc), je tentais récemment de persuader mon jeune collègue de philosophie en début de carrière de l’intérêt qu’il y a avait pour les étudiants à expliciter les ruptures décisives que représentent pour notre propre pensée les noms de Descartes, Kant et Hegel. Quand nous pensons -tel est mon argument-, nous sommes « spontanément » cartésiens (nous dissocions le sujet et l’objet), kantiens (nous nous interrogeons réflexivement sur ce qui nous permet de connaître ce que nous connaissons et de penser ce que nous pensons) et hégéliens (l’histoire est l’élément même dans lequel baigne toute réalité humaine). Réponse immédiate de mon interlocuteur : il est impossible aujourd’hui d’enseigner l’histoire de la pensée à des jeunes de 20 ans. Ca ne les intéresse pas. Tout ce qu’on peut essayer de faire, c’est de les amener à la philosophie à partir de questions « existentielles ». Par exemple, les conduire à s’interroger sur notre condition de mortels…

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Natacha Polony à propos de l’éducation

Entretien publié par Le nouvel Economiste.fr avec Natacha Polony, journaliste et essayiste française, spécialisée dans l’éducation, auteur entre autres de « Ecole : le pire est de plus en plus sûr » (Mille et une nuits, 2011).

« Natacha Polony passe au crible le système scolaire et ses manquements. De la méthode globale – dont les ambitions égalitaires pénalisent tous les élèves – au culte de l’immédiateté – qui tue le temps long et la forme d’abstraction nécessaires à la lecture – en passant par le culte de la liberté d’expression – qui s’exerce au détriment des apprentissages – et la peur du traumatisme – qui interdit toute sanction –, tout y passe. Jusqu’à la récompense accordée sans effort et donc obtenue sans fierté et jusqu’au respect exigé sans contrepartie. A l’arrivée : le portrait d’une école qui crée de l’injustice en entretenant les clivages “ entre ceux qui ont les moyens de se payer Acadomia et les autres” et n’a plus qu’une ambition : “fabriquer de la bonne employabilité”. Et derrière elle, celui d’une société où l’individu écrase peu à peu le collectif et où la démocratie produit plus d’aliénation qu’elle ne libère. Une société en cours de décivilisation “où chacun fonctionne comme une sorte de structure solitaire qui exige des autres mais qui jamais ne se sent redevable”. Brutal et utile. »

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Colloque sur l’anthroposociologie transcendantale de Marcel Gauchet

Le Collège des Bernardins a organisé les vendredi 14 et samedi 15 octobre 2011 un colloque de clôture de la Chaire Marcel Gauchet consacré à son projet d’anthroposociologie transcendantale en lien avec le département « Sociétés humaines et responsabilités éducatives », en partenariat avec l’Université du Québec à Montréal, le Centre Raymond Aron et le Groupe d’Étude de la modernité Anthropologique et Politique.

Les enregistrements audios de toutes les conférences sont désormais disponibles à l’écoute et en podcast sur le site web du Collège des Bernardins.

Aux fondements anthropologiques de la primauté du politique : Clastres, Dumont et les  » leçons de l’ethnologie », par Stéphane Vibert
Une anthropologie des totalitarismes, par Philippe de Lara

De la pensée des « sauvages » à la philosophie du politique, par Yves Couture
Le régime mixte des modernes et la question de l’Histoire, par Alexandre Escudier

La redéfinition des âges de la vie, par Pierre-Henri Tavoillot
La dualité anthropologique de la femme contemporaine, par Camille Froidevaux-Metterie

Comment l’avènement de la scène publique médiatique transforme la médiation politique, par Bernard Poulet
Les états démocratiques face à l’échec de l’expérience néolibérale, par Jean-Luc Gréau

Les nouvelles structurations du sujet religieux, par Jacques Arènes
Croyances et démocratie : une approche historique et anthropologique des religions séculières, par Paul Zawadzki

Les mutations de l’homme démocratique, par Olivier Ferrand
Nos sociétés sont-elles vraiment « sorties de la religion » ? par Frédéric Louzeau

Transmettre en temps de crise ? L’avenir de l’université, table ronde avec Alain Caillé, Marc Chevrier, Marcel Gauchet, Philippe Raynaud

Conférence débat conclusive avec Marcel Gauchet

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Entretiens avec Paul Yonnet

Du lundi 24 au vendredi 28 octobre 2011, l’émission « A voix nue » sur France Culture a rendu hommage au sociologue Paul Yonnet récemment disparu en rediffusant une série d’entretiens datant de 2009.

Episode 1 : Le voyage intérieur ou le génie de l’enfance
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Episode 2 : Toute sociologie est une autobiographie
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Episode 3 : Le Système des sports
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Episode 4 : Le Vertige et la mort
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Episode 5 : Le Roman national : du Malaise français au Tombeau de Céline
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Marcel Gauchet sur Radio Canada

Dans le cadre de son émission « Le 21e » du lundi 24 octobre 2011 diffusée de 21h à 22h sur la première chaîne de Radio Canada, Michel Lacombe a rencontré le philosophe français Marcel Gauchet. Fils d’un cantonnier et d’une couturière, l’homme évolue aujourd’hui dans un milieu social très différent de celui dont il est issu. Il a étudié la philosophie, l’histoire et la sociologie, des études qu’il a payées en travaillant comme instituteur.

Laïcité, accommodements raisonnables, fracture sociale : Marcel Gauchet et Michel Lacombe discutent du désarroi de nos sociétés. Le philosophe, qui se définit comme un « héritier des années 60 » , explique que nous sommes actuellement dans un grand moment de redéfinition de la démocratie, une redéfinition qui se fera dans la douleur.

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L’imaginaire réformateur PISA et les politiques de l’école

Article de Nathalie Bulle sur PISA et les politiques de l’école paru dans la revue Le Débat n°159 : « L’ensemble des résultats présentés ici, très synthétiques mais aussi fortement significatifs, révèlent comment de fausses lectures de PISA contribuent à la construction internationale d’une doxa éducative qui affaiblit en réalité les systèmes éducatifs nationaux. Le trait le plus grave de cet affaiblissement est la domination, sur les politiques scolaires occidentales, d’une logique comparative réductrice qui dépossède les pays de la maîtrise de l’éducation formelle et de ses finalités profondes. »

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