Le Débat, n°168, janvier-février 2012

PUBLICATION
Revue Le Débat, n°168, janvier-février 2012, Editions Gallimard.
185 x 260 mm ; 192 pages

L’échéance présidentielle
Denis Jeambar : Explication de vote. Pour François Hollande.
Alain Minc : Explication de vote. Pour Nicolas Sarkozy.
Stéphane Rozès : La présidentielle dans l’imaginaire français. Entretien.
Jean-Luc Gréau : À la croisée des chemins. Survivre à la crise.

Mara Goyet : Collège : on étouffe.

Spécificités allemandes, perplexités françaises
Jean-Michel Quatrepoint : Comment l’Allemagne a gagné la paix.
Hakim El Karoui : Pour un « contrat de coalition » franco-allemand.
Jacqueline Hénard : Que veut l’Allemagne ? Retour sur quelques fondamentaux.
Étienne François : La Cour constitutionnelle et la culture juridique allemande.
Gilbert Merlio : Le débat autour de Das Amt. Suite et fin des querelles d’historiens en Allemagne ?

Portraits intellectuels
Michel Winock : Madame de Staël : le coeur et la raison.
Donatien Grau : Sainte-Beuve : le sourire d’un inactuel contemporain.

Où en sont les révolutions arabes ?
Matthieu Guidère : Histoire immédiate du « printemps arabe ».
Thomas Pierret : Le Baas syrien face à l’islam sunnite. Conflits et connivences.
Nora Benkorich : Syrie : la tentation de la lutte armée contre le pouvoir baasiste en Syrie. Passé (1976-1982) et présent (2011).
Ali Mezghani : Tunisie : une révolution, une élection et des malentendus.
Gilles Kepel : Journal de Tunisie.

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L’Europe se construit-elle encore ?

Emission « Les Matins » sur France Culture du 20 février 2012.

Avec Luuk Van Middelaar. Plume du premier président du Conseil Européen, Herman Van Rompuy, il vient de publier chez Gallimard « Le passage à l’Europe ».

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« L’Europe vit une crise de croyance dans la croissance »

Propos recueillis par Bernard Poulet et publiés dans le magazine l’Expansion de janvier 2012.

Pour le philosophe et économiste Jérôme Batout, notre continent est le premier à connaître une perte de confiance dans l’économie comme force structurante du réel et notamment du politique.

Jérôme Batout a eu l’intuition que ses recherches sur la finance ne pouvaient être envisagées qu’à travers la philosophie. « L’Itinéraire de la valeur », la thèse qu’il vient de soutenir, est une reconstitution sur la très longue durée de la manière dont l’humanité a tenté de donner un sens à son action. Cela lui permet d’avoir une lecture très originale et stimulante de la crise actuelle.

Qu’est-ce qui vous permet de dire que l’idée de croissance n’a pas toujours conduit les sociétés humaines ?
Les hommes ont toujours agi sur ce qui les environne : c’est une constante. Simplement, ils n’ont pas toujours donné à cette action la même finalité. Dans les sociétés dites « premières », il y a une « économie », mais, loin d’être tournée vers la croissance, elle est marquée par une volonté de constance : les hommes agissent dans le but de re-former à l’identique le monde tel qu’ils croient l’avoir reçu de leurs ancêtres – contrairement à nous, qui agissons en vue de le transformer.

Une étude internationale placée sous l’égide de l’OCDE a d’ailleurs montré que le phénomène appelé « croissance économique » est apparu aux alentours de l’an mille à partir d’une zone, l’Europe occidentale. C’est finalement assez récent.

A l’intérieur du dernier millénaire de développement, on peut situer deux intentions distinctes. Au XIXe siècle, on transformait le réel en visant un horizon de l’économie qui était un état stationnaire : l’abondance. Cette volonté d’abondance est frappante chez l’ensemble des économistes classiques : chez Marx, Smith, Ricardo ou Malthus et jusqu’à Keynes, il y a l’idée que le développement économique parviendra à un terme, moment de « résolution du problème économique », selon Keynes.

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Mais que fait l’école ?

Dans le cadre du cycle « Rendez-vous de crise », les Editions ainsi que les Cercles de formation de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) ont organisé une table-ronde autour de la question « Mais que fait l’école ? » avec Marcel Gauchet, Philippe Meirieu, François Dubet et Christian Baudelot le lundi 9 janvier 2012 à l’EHESS.

L’enregistrement audio de cette table-ronde est désormais disponible sur le site de France Culture.

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Le thème de la crise de l’école s’est durablement installé dans le débat français. Crise de confiance des parents et élèves à l’égard d’un système qui semble ne plus être en mesure de remplir ses fonctions élémentaires d’instruction, d’insertion ou de promotion sociales, crise chez les enseignants face à la double méfiance que manifestent à leur endroit l’État et l’opinion, insurrection des « traditionnalistes » contre le déclin du savoir, indignation des « modernistes » face à une école encore trop ankylosée par des méthodes d’enseignement dépassées… Les affrontements ne manquent pas sans que l’on sache toujours ce qui l’emporte des préjugés, des règlements de compte et de l’intelligence de situations rigoureusement observées. Ce nouveau « rendez-vous de crise » a pour ambition d’apporter un nouvel éclairage sur ces controverses.

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Pourquoi je démissionne de l’université après dix ans d’enseignement ?

Lettre d’Annick Stevens, philosophe, universitaire belge, janvier 2012.

Plus que jamais il est nécessaire de réfléchir au rôle que doivent jouer les universités dans des sociétés en profond bouleversement, sommées de choisir dans l’urgence le type de civilisation dans lequel elles veulent engager l’humanité. L’université est, jusqu’à présent, la seule institution capable de préserver et de transmettre l’ensemble des savoirs humains de tous les temps et de tous les lieux, de produire de nouveaux savoirs en les inscrivant dans les acquis du passé, et de mettre à la disposition des sociétés cette synthèse d’expériences, de méthodes, de connaissances dans tous les domaines, pour les éclairer dans les choix de ce qu’elles veulent faire de la vie humaine. Qu’à chaque époque l’université ait manqué dans une certaine mesure à son projet fondateur, nous le lisons dans les critiques qui lui ont constamment été adressées à juste titre, et il ne s’agit pas de s’accrocher par nostalgie à l’une de ses formes anciennes. Mais jamais elle n’a été aussi complaisante envers la tendance dominante, jamais elle n’a renoncé à ce point à utiliser son potentiel intellectuel pour penser les valeurs et les orientations que cette tendance impose à l’ensemble des populations, y compris aux universités elles-mêmes. D’abord contraintes par les autorités politiques, comme on l’a vu de manière exemplaire avec le processus de Bologne, il semble que ce soit volontairement maintenant que les directions universitaires (à quelques rares exceptions près) imposent la même fuite en avant, aveugle et irréfléchie, vers des savoirs étroitement utilitaristes dominés par l’économisme et le technologisme.

Si ce phénomène repose très clairement sur l’adhésion idéologique de ceux qui exercent le pouvoir institutionnel, il ne se serait pas imposé à l’ensemble des acteurs universitaires si l’on n’avait pas instauré en même temps une série de contraintes destinées à paralyser toute opposition, par la menace de disparition des entités qui ne suivraient pas la course folle de la concurrence mondiale : il faut attirer le « client », le faire réussir quelles que soient ses capacités (« l’université de la réussite » !), lui donner un diplôme qui lui assure une bonne place bien rémunérée, former en le moins de temps possible des chercheurs qui seront hyper productifs selon les standards éditoriaux et entrepreneuriaux, excellents gestionnaires et toujours prêts à siéger dans les multiples commissions et conseils où se prennent les simulacres de décisions — simulacres, puisque tant les budgets que les critères d’attribution et de sélection sont décidés ailleurs. De qualité, de distance critique, de réflexion sur la civilisation, il n’est plus jamais question. La nouvelle notion d’« excellence » ne désigne en rien la meilleure qualité de l’enseignement et de la connaissance, mais la meilleure capacité à engranger de gros budgets, de grosses équipes de fonctionnaires de laboratoire, de gros titres dans des revues de plus en plus sensationnalistes et de moins en moins fiables. La frénésie d’évaluations qui se déploie à tous les niveaux, depuis les commissions internes jusqu’au classement de Shanghaï, ne fait que renforcer l’absurdité de ces critères.

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Le passage à l’Europe

A l’occasion de la parution chez Gallimard de la traduction française du livre de Luuk van Middelaar, « Le passage à l’Europe », Bozar Littérature vous convie à un débat autour de la crise de l’Euro auxquels participeront, outre l’auteur, Paul Magnette (PS), Philippe Van Parijs (professeur à la KUL et Harvard), Herman Van Rompuy et Philippe Ricard (correspondant européen du Monde) le lundi 23 janvier 2012 à 19h au Palais des Beaux-Arts, Rotonde Bertouille, rue Ravenstein à Bruxelles.

Luuk van Middelaar (1973) est philosophe et historien, auteur du Politicide (1999) et ancien chroniqueur au quotidien NRC Handelsblad. Après avoir travaillé tant au cabinet d’un commissaire européen à Bruxelles qu’au Parlement néerlandais, il est depuis 2010 la plume du premier Président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.

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Lien vers un compte-rendu de son ouvrage : Enfin, le grand récit qui manquait à l’Europe !

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« Le peuple est devenu un problème pour la gauche »

Propos recueillis par Bernard Poulet et publiés sur le site web L’Expansion.com le 21 janvier 2012.

Verdict sévère du politologue Laurent Bouvet : par peur et par pragmatisme, le PS s’est coupé des classes populaires, substituant à la lutte sociale et collective la défense des individus et des minorités.

La gauche a perdu le peuple. Et elle a peur du « populisme ». Dans ces conditions, comment pourra-t-elle remporter l’élection présidentielle ? Et même si elle gagne, comment pourra-t-elle gouverner ? Auteur du Sens du peuple (Gallimard, 2012) et coauteur de Plaidoyer pour une gauche populaire (Le Bord de l’eau, 2011), le sociologue Laurent Bouvet explique pourquoi on en est arrivé là.

Vous titrez votre livre « Le Sens du peuple ». Que voulez-vous dire ?
C’est une expression que Michelet utilise dans son introduction à son Histoire de la Révolution française pour dire qu' »on a trahi le bon sens du peuple ». L’idée de peuple doit être entendue pour lui au sens historique et charnel. C’est le peuple comme totalité, mais aussi, plus spécifiquement, le petit peuple.

En 1981, quand on célèbre le « peuple de gauche », n’est-ce pas le moment où la gauche divorce d’avec le peuple ?
En effet, en 1981, le peuple n’existe plus comme représentation de l’intervention de la masse en politique. C’est Mai 1968 et l’évolution des années 70 qui scellent sa disparition de la scène politique française, avec l' »adieu à la classe ouvrière ». Mais cela avait commencé plus tôt, avec la montée en puissance de la classe moyenne et la déqualification de l’aspiration communiste. On voit en particulier que l’émancipation collective par la lutte sociale est remplacée par l’émancipation individuelle par le droit. Désormais, il n’y a plus de peuple, uniquement une société, celle des individus.

Néanmoins, dans ce processus, la gauche ne peut pas oublier que sa doctrine politique a été construite théoriquement, historiquement et socialement comme une doctrine populaire. C’est pourquoi elle va chercher une alternative, remplaçant le « compromis social-démocrate » entre capital et travail, qui était son projet depuis 1945, par un autre, que je qualifie de « libéral-multiculturaliste ». Ce peuple de substitution ne se réfère plus à un collectif souverain, lieu et agent de l’émancipation, mais à un conglomérat (une « coalition ») de minorités regroupant des individus sur la base de leur « identité » ethnique, sexuelle ou régionale, par exemple.

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N’y a t-il qu’une seule modernité, celle de l’Occident ?

Emission « Les Matins » sur France Culture du 20 janvier 2012.

Avec le philosophe, romancier et indianiste iranien Daryush Shayegan.

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Mémoire et histoire

Emission « Répliques » sur France Culture du 14 janvier 2012 avec l’historien Pierre Nora.

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Pour un démontage concerté de l’euro

Point de vue publié dans le Monde du 23 décembre 2011 par par Gabriel Colletis, Alain Cotta, Jean-Pierre Gérard, Jean-Luc Gréau, Roland Hureaux, Gérard Lafay, Philippe Murer, Laurent Pinsolle, Claude Rochet, Jacques Sapir, Philippe Villin, Jean-Claude Werrebrouck, économistes.

La véritable cause de la crise de l’euro, c’est la montée inexorable de la dette extérieure dans la moitié des pays de la zone. La nécessité de faire appel à des capitaux étrangers indique que la question cruciale est que leurs ressources propres n’ont pas été utilisées suffisamment pour développer les capacités productives des pays concernés et les rendre compétitives. Si l’on retranche les créances que possède chacun des pays, une dette extérieure nette touche les deux tiers des membres de la zone euro.

Les plus affectés sont les pays les moins compétitifs, comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne ainsi que l’Irlande. Un deuxième groupe de pays comprend l’Italie, où la dette extérieure nette est de 27 %, et la France, dont les 30 % sont dus pour l’essentiel à une accumulation de sorties de capitaux d’investissements directs à l’étranger ; pour la Finlande et l’Autriche, la dette nette demeure minime, représentant moins de 8 % de leur PIB. Non seulement les autres pays de la zone euro ne sont pas concernés, mais ce sont au contraire des créances extérieures nettes qui apparaissent pour les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et surtout pour l’Allemagne.

Dans ces conditions, l’obstination des gouvernants à foncer, à marche forcée, dans l’impasse de l’euro ne peut conduire qu’à une aggravation générale de la situation économique en Europe. Bien que nos concurrents américain et chinois aient intérêt à la survie de la monnaie unique européenne, celle-ci est condamnée, tôt ou tard, à une explosion incontrôlable. C’est pourquoi, afin d’éviter ce désastre, les signataires de ce texte proposent qu’une concertation européenne soit engagée en vue d’aboutir au démontage nécessaire de l’euro. Celui-ci pourra se faire selon les six modalités suivantes.

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