Vous pouvez réécouter l’ensemble des conférences que nous avons organisé pour ce cycle.
Il vous suffit de cliquer sur l’intitulé de chaque conférence pour accéder à la page qui lui est consacrée reprenant l’enregistrement audio et, éventuellement, l’enregistrement vidéo ou la retranscription écrite via une publication.
Il y avait les enfants à problèmes. Nous sommes aujourd’hui face à l’enfant-problème. Autrement dit, ce sont les conditions mêmes dans lesquelles les enfants sont amenés à faire l’expérience du monde qui ont été complètement bouleversées en quelques décennies sans que nous paraissions nous en apercevoir ni en mesurer les conséquences.
Pour sa naissance en 2007, le Collège Européen de Philosophie Politique a invité quelques auteurs dont les contributions ont été rassemblées dans un numéro spécial de la revue le débat (numéro 132, novembre-décembre 2004) intitulé précisément L’enfant-problème.
Une société d’individus, c’est aussi une société de sujets, c’est-à-dire d’êtres dont l’institution de soi-même constitue la valeur suprême. Existe-t-il aujourd’hui d’autres domaines que l’éducation où le décalage entre la fin et les moyens soit aussi criant ?
Le 13 janvier 2007, Marcel Gauchet, L’impossible entrée dans la vie
« La pathologie typique de l’ancien mode d’institution était la névrose, l’intériorisation de l’interdit, la constitution de soi autour de l’autorépression. La rançon caractéristique du nouveau, c’est l’impossible entrée dans la vie. Son trouble emblématique, ce n’est plus le déchirement intérieur, mais l’interminable chemin vers soi-même ». (extrait de L’enfant du désir, le débat n°132, pp.98-121)
Le 3 février 2007, Michèle Brian – La clinique de l’enfant : un regard psychiatrique sur la condition enfantine actuelle
« Les demandes adressées à une consultation de pédopsychiatrie de proximité donnent une assez bonne idée des problèmes que les enfants posent actuellement aux adultes. Depuis ce poste d’observation, il apparaît que l’exposition des enfants à la violence est fréquente et qu’elle est lourde d’effets pathogènes au moins pour les plus fragiles d’entre eux. Cela dans une société où les adultes affichent une volonté particulièrement forte de protéger les enfants, qu’ils soient en position de parents, de professionnels travaillant auprès d’enfants ou de décideurs politiques. Ce décalage entre un souci exacerbé de protection et la réalité vécue de la violence fait s’interroger sur la vraie place de l’enfant dans le fonctionnement social ». (extrait de L’empreinte de la violence, le débat n°132, pp.136-150)
Le 3 mars 2007, Marie-Claude Blais – L’éducation est-elle possible sans le concours de la famille ?
« L’être humain a besoin d’être “institué”, c’est-à-dire inscrit dans un collectif et intégré dans une histoire. Il devient lui-même en comprenant qu’il participe à une oeuvre qui se fait dans le temps et qui le projette dans un avenir commun à toute l’humanité. Si, à l’intérieur de la vie familiale, l’enfant ne rencontre pas cette dimension d’ouverture au monde social, c’est le sens de l’école et peut-être même le sens de la vie tout court qui viennent à disparaître ». (extrait de L’éducation est-elle possible sans le concours de la famille, le débat n°132, pp.74-90)
Le 31 mars 2007, Dany-Robert Dufour – La télévision comme « troisième parent ». Télévision, socialisation, subjectivation
« La transmission du don de parole (que toutes les sociétés avaient toujours su reconduire) n’est plus également assurée au sein des populations. Cet allant de soi, devenant problématique, se solde par l’apparition d’acteurs sociaux désemparés. Il apparaît des sujets mal installés dans le discours, inaptes à entrer dans le fil de la parole et à distinguer la fiction de la réalité. L’école se trouve confrontée à une tâche impossible. Quant aux conséquences sociales et politiques, on commence à les voir apparaître… » (extrait de Télévision, socialisation, subjectivation, le débat n°132, pp.195-213).
Le 12 mai 2007, Dominique Ottavi – Qu’est-ce qu’apprendre? Le rapport au savoir et la crise de la transmission
« Dans ces conditions, comment ne pas approuver Karl Popper lorsqu’il déclare : « Il faut que nous regardions autour de nous en nous demandant qui sont les underdogs (défavorisés)? Je soutiens que la seule catégorie qui, à l’heure actuelle, puisse être considérée comme telle, ce sont les enfants ». Les enfants peuvent en effet être tenus à bon droit pour des oubliés, car, sous les dehors d’une grande sollicitude, notre société entretient sa cécité et veut ignorer les conditions dans lesquelles les enfants sont amenés à faire l’expérience du monde ». (extrait de Enfance et violence : le miroir des médias, le débat n°132, pp.177-194)
Le 2 juin 2007, Jean-Claude Quentel – L’enfant n’est pas une « personne »
« Il faut comprendre que l’enfant est bien dans l’histoire ; mais il est dans l’histoire de l’autre. Il est porté par l’autre, à commencer par ses parents. Et s’il n’a pas « émergé à la Personne », il n’en n’est pas moins personne par l’autre ; s’il ne produit pas par lui-même de l’histoire, s’il ne l’oriente pas, il en prend part à travers l’autre. Bref, l’enfant participe de la personne par procuration. C’est précisément ce qui fait de lui un enfant et non un petit ». (extrait de Penser la différence de l’enfant, le débat n°132, pp.5-26)