Crise du jugement, société du savoir, néo-libéralisme

Le projet de réforme des Universités initié par le gouvernement français suscite d’importants remous dont la presse française a largement rendu compte tout au long de la semaine écoulée. Au delà des spécificités du système français, ces oppositions engagent une question plus générale et plus profonde, celle de la crise contemporaine du jugement de réalité ainsi que de l’évaluation des travaux et des personnes. C’est cette question, en lien direct avec la création de notre Collège de Philosophie Politique, que s’est attelé à traiter au fond le philosophe Marcel Gauchet ce mercredi 4 février, lors de son séminaire de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (www.ehess.fr). Ayant jugé utile de donner à ce diagnostic un large retentissement, nous l’avons mis en ligne sur notre site où vous pouvez l’écouter  :

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Voici quelques extraits de ce séminaire dont nous vous souhaitons une bonne écoute :

« Ces politiques de l’Université et de la recherche relèvent d’une pente lourde de notre monde qui vient de loin et qui dépasse de loin le cas du gouvernement du moment (…). Les politiques mises en oeuvre sont les politiques générales préconisées par l’expertocratie internationale, OCDE en tête, les politiques encouragées par les autorités européennes, Bologne, Lisbonne, un peu partout à l’oeuvre dans notre monde au nom des impératifs de la prétendue société du savoir(…). Le néo-libéralisme, dont nous étudions la genèse, comporte une composante épistémique importante. Il est animé par une certaine idée de la connaissance et du savoir et de son rôle dans la vie sociale. Il est inséparable d’une redéfinition de ce que veut dire savoir, celle-là même qui est en train de nous rattraper et qui inspire de manière plus ou moins confuse les politiques gouvernementales (…). Ce qui amène à poser la question des motifs de l’anesthésie de la pensée dans notre monde, anesthésie dont le néo-libéralisme est à beaucoup d’égards la théorisation (…). C’est pourquoi la bataille se déroule à l’intérieur de l’Université et de la recherche et sur le terrain des institutions du savoir. Car le néo-libéralisme s’avance au nom de la perspective de la marche vers une société de la connaissance et du savoir. Mais quelle connaissance et quel savoir? Tout est là.« 

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