François Hollande en son labyrinthe

« Le surmoi du président Hollande, à qui le suffrage universel confie tant de pouvoir, sur lequel est bâti tout notre système politique, est intermittent. Il a des absences, des ratés. (…) Faut-il y voir une métaphore d’un abandon ou d’une perte de souveraineté si souvent dénoncée par les souverainistes de droite et de gauche qui déplorent que le vrai pouvoir désormais soit à Bruxelles ? Le surmoi du pouvoir aurait-il déserté les capitales européennes pour se fixer à Bruxelles ? À moins qu’il ne se soit installé provisoirement à Matignon en attendant 2017, comme ce fut le cas de Nicolas Sarkozy qui réussit à s’imposer au ministère de l’intérieur au surmoi affaibli de Jacques Chirac à l’Élysée. Tout se passe en effet comme si l’instauration du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral avaient eu pour effet de déstabiliser la dyarchie au sommet de l’exécutif. »

« (…) Lorsque le pouvoir ne trouve plus à s’incarner que sous la figure exclusive de l’hyperprésident et sous la forme d’une représentation de soi, alors un remaniement du gouvernement perd toute signification et toute efficacité symbolique, pour apparaître effectivement comme un « remaniement de soi ». (…) « Ce remaniement de soi », Jérôme Batout le qualifie de décantation catastrophique dont la carrière de Berlusconi serait l’accomplissement caricatural. (…) Là où il y avait, selon Ernst Kantorowicz, dédoublement, multiplication du corps du souverain pour lui permettre d’accéder à la dimension supra-individuelle et supra-temporelle de la « fonction », il y aurait désormais réduction symbolique, transparence, « décantation » catastrophique… » 

« (…) Dans le jeu politique actuel, les leaders sont obligés, à chaque incident de parcours médiatique, de doubler la mise pour survivre : doubler leur exposition aux médias. Acte I, bien connu : la frontière entre vie publique et vie privée saute. Acte II : le leader est tenté d’utiliser sa vie privée comme flux pour maintenir à flots sa carrière et sa vie publique. Au fur et à mesure, on finit par tout voir, tout savoir, jusqu’au plus intime de leur vie. Un peu comme le joueur de poker, ayant perdu tous ses jetons, met en jeu sa montre, et finit en caleçon. On assiste alors en politique contemporaine à des décantations catastrophiques à la Berlusconi, qui termine effectivement sa course dans le plus simple appareil, entouré de mineures. Étonnant praticien de la virtù machiavélienne, il laisse en héritage à la politique européenne, à travers le bunga bunga, une nouvelle technique de communication politique. » (Jérôme Batout et Christian Salmon)

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