La gauche et l’éducation

Tribune de Jean Robelin, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, professeur émérite en philosophie Université de Nice, publiée sur l’Humanité.fr le 10 mars 2013.

On ne peut nier les bonnes intentions de la gauche à l’égard de l’éducation nationale, ni son engagement financier, même dans des conjonctures difficiles. Mais ces bonnes intentions, l’effort même consenti, ont souvent été contre productifs.

Non seulement la gauche n’a pas enrayé la perte de qualité de l’enseignement public, ni la dégradation certaine des conditions de travail des enseignants, mais à bien des égards elle les a accélérées. Il faut bien reconnaître, pour quelqu’un qui, comme moi, a enseigné 16 ans dans le fameux neuf trois, avant d’aller faire le mandarin dans les universités, qu’à chaque période de gouvernement de gauche, que ce soit sous monsieur Savary, monsieur Jospin, ou l’inénarrable Claude Allègre, on a assisté à une montée de la violence dans les quartiers difficiles, de la démagogie partout. La gauche a participé à la création de la situation désastreuse que nous connaissons aujourd’hui.

Certes, la droite a fait pis, en asséchant les moyens de lutte contre l’échec scolaire, en tarissant les recrutements et en ghettoïsant l’école. La cour des comptes a démontré le caractère peu évangélique de sa politique : vêtir ceux qui sont déjà bien habillés. Mais cela ne nous dispense pas de réfléchir sur l’échec de la gauche, si vous voulons éviter le désastre vers lequel court l’enseignement français. Peut-on indiquer quelques pistes de solutions réalistes, et supportables dans le contexte économique douloureux que nous connaissons ?

Echec de l’apprentissage de la lecture et de la langue

L’échec le plus grave, le plus retentissant, mais aussi le plus emblématique, de l’école « de la République », est certainement le double échec lié de l’apprentissage de la lecture et de la langue. Le plus grave car il conditionne tous les autres, le plus emblématique, parce qu’il livre le drame de l’école française : l’échec de la lecture naît certes des difficultés des élèves, mais est accentué par l’imposition de méthodes de lecture issues des cerveaux des docteurs Mabuse des « sciences » de l’éducation, contre toute expérience concrète d’enseignants de terrain : une ancienne institutrice (mais oui) de ma fille s’insurgeait qu’on veuille lui interdire tout recours à une méthode syllabique qui donnait pourtant d’excellents résultats auprès des petits gitans à qui elle enseignait. Et l’instabilité de son public ne lui offrait que peu d’heures pour y parvenir. Combien d’élèves ai-je entendu ânonner en terminale puis à l’université ! L’exemple montre la vacuité des idéologies pédagogiques qui nous soumettent au prétendu rythme des élèves : ne jamais les forcer, donc apprendre à lire en deux ans ; sous des dehors démocrates, les mentors de l’éducation nationale affichent leur mépris des élèves, à commencer par ceux des quartiers difficiles.

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Le Débat, n°174, mars-avril 2013

SOMMAIRE

LE TOURNANT DE LA RIGUEUR : MARS 1983 – MARS 2013

Ce mois de mars 2013 marque un anniversaire qui ne sera guère commémoré : le trentième anniversaire du changement de politique économique décidé par le gouvernement de François Mitterrand en mars 1983, un peu moins de deux ans après l’alternance de 1981. Un changement de cap connu sous le nom de « tournant de la rigueur », bien que le mot ait été à l’époque soigneusement banni par ses initiateurs. Ses conséquences ont été telles qu’il est justifié d’y revenir et de l’examiner de près, d’autant que l’actualité semble nous ramener, trente ans après, dans des parages voisins.

L’événement a été entouré d’un peu de mystère et de beaucoup de légendes. Erik Orsenna, qui était alors conseiller à l’Élysée, apporte son témoignage sur le contexte du choix de Mitterrand. Le problème principal, derrière l’état des finances publiques, était en fait celui de la parité entre le franc et le mark dans le cadre du Système monétaire européen. Jean-Michel Quatrepoint reconstitue les données du problème et analyse les effets de la défaite française dans la bataille monétaire.

Le tournant est encore trop proche pour que les historiens aient pu véritablement s’en saisir. Jean-François Sirinelli interroge les voies et la manière dont ils pourraient l’aborder.

Et si nous reprenions le même chemin ‘ Certes, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve et les circonstances sont très différentes. Néanmoins il est difficile de se défendre du sentiment que l’histoire se répète, devant les orientations que le gouvernement de François Hollande est aujourd’hui amené à prendre. Franck Dedieu, Benjamin Masse-Stamberger et Adrien de Tricornot creusent le parallèle des situations et des stratégies. La comparaison a au moins pour vertu de faire ressortir les erreurs à éviter.

– Erik Orsenna, Le choix de François Mitterrand. Entretien
– Jean-Michel Quatrepoint, Mars 83 ou comment la France a perdu la guerre monétaire
– Jean-François Sirinelli, Quelques jours en mars
– Frank Dedieu, Benjamin Masse-Stamberger et Adrien de Tricornot, Mars 1983-mars 2013 : bis repetita ?

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De la croissance à la résilience

Billet écrit par Jean-Marc Jancovici, ingénieur, associé de Carbone 4 et président de The Shift Project, publié par Les Echos le 2 avril 2013.

Qui n’a jamais entendu que les arbres ne grimpaient pas jusqu’au ciel ? Que cela soit heureux ou malheureux est un débat intéressant, mais il en est un qui l’est bien plus : savoir quoi faire quand l’arbre a terminé sa croissance.

Depuis 2007, et pris en monnaie constante, le PIB français n’a pas augmenté. Celui de l’Europe pas plus, celui du Japon a un peu diminué et même celui des Etats-Unis est globalement ce qu’il était il y a cinq ans. L’économie sans croissance dans l’OCDE, c’est maintenant, et c’est parti pour durer un certain temps.

Affreux ? Intolérable ? Peut-être, mais réel. Pour un individu pris isolément, l’arrêt de la croissance physique ne pose pas le moindre problème. Comme nous savons que cela arrivera, nous avons le temps de préparer des activités et des motifs d’espoir qui sont adaptés à l’évolution de notre situation physique.

L’économie industrielle est à ce tournant que nous connaissons tous comme individus : elle a vieilli et ne peut plus assurer la performance d’antan. Les mines et puits de pétrole sont moins généreux, l’espace encore disponible est plus difficile à trouver, et plus généralement toutes ces ressources que 15 milliards d’années d’évolution depuis le big bang ont mises gratuitement à notre disposition se font un peu plus tirer l’oreille pour devenir disponibles.

Le problème, c’est que, tel l’artiste qui refuse de se voir vieillir, nous n’avons pas voulu voir le coup venir. On a beau se tourner partout, il n’existe pas la moindre production intellectuelle digne de ce nom sur ce que signifie gérer un univers sans croissance. Cette question n’a pas besoin de savoir si la croissance est désirable ou pas : elle a vocation à explorer les modes de gestion qui permettent de conserver une société avec un bon moral si la croissance physique n’est pas ou plus là.

Habituées aux coups durs, les entreprises sont un peu mieux armées, mais guère plus. Il leur reste aussi à opérer la difficile mutation de la performance à la résilience, qui ne garantira plus les rendements d’antan quand tout va bien, mais assurera la survie à des horizons de temps plus longs. Sacré défi !

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La psychiatrie est en dérapage incontrôlé

Entretien avec Allen Frances, psychiatre américain, publié par BibliObs le 29 mars 2013 en partenariat avec la revue Books.
Propos recueillis par Bernard Granger et Olivier Postel-Vinay.

Le «DSM-5», nouveau manuel de psychiatrie destiné à s’imposer aux médecins du monde entier, est une véritable catastrophe selon un orfèvre en la matière. Entretien avec Allen Frances à lire dans «BoOks», en kiosque tout le mois d’avril.

BoOks Pourquoi partez-vous en guerre contre le nouveau manuel de la psychiatrie (1)?

Allen Frances Je ne m’étais plus guère occupé de la question des critères diagnostiques depuis l’époque où je dirigeais l’équipe qui a rédigé le manuel encore en vigueur à ce jour, le «DSM-IV», paru en 1994. J’avais même pris ma retraite de psychiatre. Je vivais au bord de la mer, après m’être longtemps occupé de ma femme, malade. Invité à un cocktail à l’occasion d’une réunion de l’American Psychiatric Association (APA) à San Francisco, j’y ai retrouvé beaucoup d’amis. Ils étaient très excités par la préparation du «DSM-5», agitaient des idées nouvelles.

L’un parlait d’une nouvelle possibilité de diagnostic, celle du risque de psychose (schizophrénie). Il serait désormais envisageable de prévoir qu’un jeune deviendra psychotique. J’ai tenté de lui expliquer le danger d’une telle idée: nous n’avons en réalité aucun moyen de prédire vraiment qui deviendra psychotique et il y a fort à parier que huit jeunes sujets ainsi labellisés sur dix ne le deviendront jamais. Le résultat serait une inflation aberrante du diagnostic et des traitements donnés à tort à des sujets jeunes, avec des effets secondaires graves (2).

Risque de psychose, et quoi encore?

Un autre psychiatre se passionnait pour le diagnostic d’hyperphagie, ces moments où l’on se jette sur la nourriture en dehors d’un repas. Je me dis: j’ai peut-être bien ça moi-même. Un autre se concentrait sur le «trouble cognitif mineur» (on oublie les dates, etc.). Je me dis: j’ai peut-être ça aussi… Un autre encore parlait du «dérèglement sévère de l’humeur» chez l’enfant qui pique des colères. Bref, je constatai une forte propension à vouloir médicaliser tous les problèmes de la vie quotidienne.

Or, l’expérience du «DSM-IV» me l’avait appris: la moindre modification, extension ou abaissement, du seuil d’un diagnostic est une aubaine pour les compagnies pharmaceutiques. J’ai compris qu’il serait irresponsable de ma part de rester à l’écart du débat. D’autant que ma qualité d’ancien responsable du «DSM-IV» me donne du poids et me permet de me faire entendre.

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Jérôme Batout nouveau conseiller spécial du Premier ministre Jean-Marc Ayrault

Nous avions invité le 23 février 2010 Jérôme Batout à donner une conférence sur le thème « Volonté d’abondance, volonté de croissance ».
L’enregistrement audio de cette conférence est disponible ici.

Article écrit par Laure Bretton publié par Libération le 29 mars 2013.

Le nouveau pôle «Médias, communication et stratégie» du Premier ministre sera chapeauté par un jeune conseiller venu de Publicis.

Nouveau départ ? Matignon a annoncé vendredi une refonte de ses services, pour créer notamment un pôle «Médias, communication et stratégie» chargé de chapeauter les relations avec la presse, les discours, les réseaux sociaux et les études. Dans un communiqué, les services du Premier ministre précisent que ce nouveau job incombera désormais à Jérôme Batout, jeune conseiller du PDG de Publicis jusqu’alors. Il prendra ses fonctions de «conseiller spécial auprès du Premier ministre» mercredi prochain. Un titre qu’il reprend à Bertrand Candiard, nommé en octobre dernier et chargé de la prospective et de la stratégie au cabinet. «Il était venu pour une mission temporaire», explique Matignon pour justifier le départ de ce dernier.

Dominique Bouissou, qui dirigeait le service de presse depuis le mois de mai, avait fait savoir il y a quelques temps au directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault qu’elle souhaitait être déchargée de la gestion au quotidien des équipes mais elle reste pour l’instant conseillère auprès du Premier ministre.

L’annonce de cette réorganisation survient au lendemain du grand oral de François Hollande à la télévision jeudi soir concocté par l’ancien présentateur Claude Sérillon, chargé de l’image du président. A priori, Jérôme Batout ne devrait pas occuper cette fonction auprès du Premier ministre, qui pourrait à son tour faire une émission de télé dans le courant du mois d’avril.

Economiste de formation et docteur en philosophie, Jérôme Batout, 33 ans, est un touche-à-tout plus proche du caméléon que de l’apparatchik. Depuis le début des années 2000, il été enseignant à la London School of Economics, opérateur d’une banque de la City (Crédit Suisse), membre du cabinet de François Hollande quand ce dernier était premier secrétaire puis secrétaire général du Parti socialiste de 2006 à 2009.

Proche conseiller de Maurice Lévy chez Publicis depuis 2011, il venait de prendre la tête du département Affaires publiques du groupe cet hiver. Entretemps, pendant l’année 2010, il a administré un centre de chirurgie de guerre de Médecins sans frontières dans les zones tribales entre le Pakistan et l’Afghanistan.

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Le temps est assurément aux économies… ou pas !

Chers amis du carbone et de l’avenir du monde réunis (à moins que ce ne soit l’inverse ?)

Vous le savez, le temps est aux économies, en particulier dans l’économie. Ce n’est pas un hasard que ce soit le même mot – économie – que l’on emploie pour désigner l’appareil productif des hommes ou la recherche d’une moindre consommation : l’économie – sans s – n’est-elle pas censée être la gestion optimale de la rareté ?

La rareté dont il faut tenir compte, aujourd’hui, va peut-être emmener certains d’entre vous vers une pensée émue pour l’énergie fossile. Mais c’est vrai, ou de l’intox ? Les USA vont remplacer l’Arabie Saoudite, ou s’effondrer après l’explosion de la bulle gazière :-) ? La France va-t-elle devoir sombrer dans la picole pour faire face au peak oil ? Et s’il s’agit de gestion optimale, le découplage est-il à l’oeuvre, ou c’est essentiellement des affirmations qui relèvent du voeu pieux ?

Comme souvent, observer des chiffres sur le passé est utile pour contribuer à se faire une idée de l’avenir. En plus de la section « pétrole et al. » déjà disponible depuis quelques temps (http://www.manicore.com/documentation/petrole), je vous propose en conséquence un record de « non économies », à savoir une page qui comporte…. 110 graphiques ! En l’espèce, il s’agit de séries longues (depuis 1965) sur un certain nombre de pays ou zones : http://www.manicore.com/documentation/chiffres_energie.html  Vous y verrez que certaines tendances à l’oeuvre ne datent pas d’hier… et pour ceux qui veulent remonter plus loin dans le temps je vous rappelle aussi qu’un de mes lointains petits-enfants fait cela pour vous : http://www.tsp-data-portal.org

Oui mais l’avenir n’est pas le passé, feront remarquer d’aucuns esprits taquins. Et, par exemple, ce n’est pas parce que la France n’a pas encore produit son « gaz de schiste » qu’elle ne le fera pas plus tard. Bonne question ! Il y a quelques mois, j’ai essayé, en 5100 caractères (espaces compris évidemment) de résumer dans Marianne pourquoi l’affaire est plus complexe qu’il n’y paraît : http://www.manicore.com/documentation/articles/marianne_gaz_schiste.html (j’ai également complété la page http://www.manicore.com/documentation/petrole/gaz_non_conv.html )

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Il est devenu difficile de donner à chacun les compétences du lire-écrire-compter

Entretien paru dans Le Monde du 21 mars 2013.
Propos recueillis par Maryline Baumard.

Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), rédacteur en chef de la revue Le Débat, Marcel Gauchet est un des meilleurs analystes de la société française. En tant qu’historien et observateur, il s’intéresse à la transmission, et analyse la réforme de l’école lancée par Vincent Peillon.

La loi d’orientation et de programmation sur l’école a été adoptée, mardi 19 mars, à l’Assemblée nationale. Votre regard ?

Marcel Gauchet : Les priorités retenues me semblent les bonnes : l’école primaire, le temps scolaire, la formation des enseignants. On se focalisait depuis des années sur les difficultés du collège alors que le problème majeur de notre système éducatif se situe en amont. Le plus grave, c’est son incapacité à assurer à tous l’acquisition des savoirs élémentaires. Il est devenu extraordinairement difficile dans le monde où nous vivons de donner à chacun les compétences fondamentales du lire-écrire-compter ; alors que c’est vital pour les enfants du XXIe siècle pris individuellement, mais aussi pour la cohésion de notre société et la compétitivité du pays.

Pour la même raison, la réforme des rythmes scolaires me paraît essentielle. Il est indispensable d’optimiser le temps de classe. Je trouve incroyable qu’il soit aussi difficile de remettre une demi-journée d’école alors que personne n’en avait demandé la suppression en 2008 ! Une de ces « idées » sorties d’un chapeau dont Nicolas Sarkozy avait le secret !

Dans le même style, on peut aussi saluer la suppression de la formation des maîtres, non ?

Effectivement, on a eu droit à pire que les quatre jours. La droite portera éternellement la honte d’avoir osé faire croire que le métier d’enseignant ne relève pas d’une formation. Ce serait le seul métier dans ce cas… Alors que c’est l’un des plus difficiles qui soient aujourd’hui et qu’on sait pertinemment que les savoirs transmis aux enfants conditionnent leur vie entière. Pas seulement leur destin social, leurs possibilités humaines. J’espère que les nouvelles écoles supérieures du professorat et de l’éducation seront à la hauteur du rôle fondamental qu’on est en droit d’en attendre. Les exemples le montrent : l’efficacité d’un système éducatif est fonction de la qualité de la formation de ses enseignants.

Le terme de « refondation » utilisé par Vincent Peillon vous choque-t-il ?

Le terme est en effet ambitieux. D’un côté, je ne voudrais pas dénigrer le courage politique qu’il y a à faire de l’éducation, sujet peu payant électoralement, une priorité du quinquennat. De l’autre, je pense qu’une vraie refondation demanderait d’aller plus loin dans l’identification des difficultés que rencontre l’école aujourd’hui. Par exemple sur le terrain de ce que veut dire apprendre.

Avez-vous des éléments de réponse ?

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Le film Fight Club : une allégorie du passage adolescent dans la société contemporaine

Article écrit par Sébastien Dupont, Jocelyn Lachance et Serge Lesourd publié dans la revue Connexions 2007/1 (n°87) puis sur le site web cairn.info.

En 1999 est sorti le film Fight Club du réalisateur américain David Fincher. Il s’agit d’une adaptation du roman éponyme de l’écrivain Chuck Palahniuk (1996). En France, le film a été distribué sous son titre anglais original ; Fight Club pourrait être traduit par « Club de combat ». Diffusé à la veille de l’an 2000, il a reçu des critiques mitigées. En effet, au seul regard de la bande annonce, il se présente comme un film d’action américain parmi d’autres. Il traite de violence, celle d’un groupe d’hommes, dans une atmosphère underground – les bas-fonds de New York –, et soutient une critique de la société contemporaine. Mais au-delà de cet aspect premier du film, le scénario, assez subtil, illustre des problématiques psychologiques plus profondes. Cette œuvre a ainsi suscité l’intérêt des spécialistes en sciences humaines (Birraux, 2000 ; Gold, 2004 ; Lachance et Dupont, 2007).

Parmi les problématiques développées dans le film, plusieurs sont particulièrement liées à l’adolescence. Bien que les personnages principaux soient des adultes, âgés d’une trentaine d’années, leurs préoccupations évoquent celles des adolescents. Il est d’ailleurs remarquable que dans l’accueil mitigé qu’a reçu le film auprès du public, seule la population adolescente s’est montrée véritablement enthousiaste, ce que n’ont pas manqué de noter les critiques, de manière parfois assez condescendante. Ce n’est que plusieurs années après la parution du film, dans l’après-coup, que les critiques et les journalistes ont considéré Fight Club comme un film particulièrement représentatif des années 1990 et notamment de leur jeunesse. Ainsi, il est selon nous possible de lire ce film comme une synthèse, une allégorie du passage adolescent dans ses différentes dimensions. Considéré sous cet angle, il apparaît d’une grande richesse illustrative de ce que nous ont décrit, au cours des vingt dernières années, les spécialistes de l’adolescence.

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Comment nos sociétés se sont transformées en machines à générer de la solitude chez les jeunes

Article écrit par Sébastien Dupont publié sur le site web Atlantico.fr le 17 juin 2012.

Une étude parue dans le quotidien La Croix indique que les jeunes adultes ont tendance à se sentir de plus en plus seuls. Un phénomène qui n’est pas sans rapport avec la valorisation de la sociabilité et de la célébrité.

Une enquête récente, commandée par la Société de Saint-Vincent-de-Paul et publiée dans La Croix, confirme une tendance qui avait déjà été indiquée par d’autres études : les adolescents et jeunes adultes disent de plus en plus se sentir seuls ou exclus. Comment interpréter cette généralisation du sentiment de solitude chez les jeunes générations ? Comment comprendre que les jeunes se sentent si isolés, si « déliés », si peu intégrés à leurs cercles d’appartenance naturels (famille, amis, camarades d’étude, collègues de travail…) ?

Un phénomène de société

Chaque cas, bien sûr, est singulier. Et la sensibilité au sentiment de solitude ou d’exclusion relève de nombreux facteurs psychologiques et affectifs qui participent du parcours individuel de chacun. Mais, au-delà de ces cas particuliers, ces enquêtes nous révèlent le caractère généralisé et sociétal de ce phénomène. Du point de vue sociologique, elles nous font voir combien nos sociétés peinent à donner à leur membres le sentiment d’en faire partie, d’y appartenir. Comme l’avait anticipé, avec clairvoyance, le célèbre sociologue Émile Durkheim, dès le début du xxe siècle, les sociétés modernes, individualisées et étatisés, exposent leurs membres au sentiment d’isolement et d’anomie.

Le sentiment de solitude fait ainsi partie des états psychiques qui ont émergé et se sont amplifiés chez les individus des sociétés industrialisées, parallèlement à la dépression et aux idées suicidaires. Il apparaît comme le revers inévitable de la liberté et de l’individualisme de l’homme moderne. Si sa généralisation est attestée à tous les âges de la vie, les jeunes, qui ont justement pour tâche de s’entrer dans la société, y sont particulièrement vulnérables.

La solitude : un sentiment subjectif et relatif

Pour mieux comprendre ce phénomène, il faut bien distinguer le sentiment de solitude (la solitude « perçue ») de l’isolement social réel, car les deux ne vont pas toujours de paire : les personnes qui se sentent les plus seules ne sont pas nécessairement les plus isolées socialement, et vice versa. Non seulement le sentiment de solitude est subjectif, mais il est surtout relatif : chacun juge son « capital social » à l’aune du niveau de sociabilité à laquelle il aspire ou de celui que la société qui l’entoure présente comme souhaitable.

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Dix recommandations de Bill Gates pour les écoliers

Bill Gates a récemment prononcé un discours dans une école secondaire à propos de 10 choses que l’école n’apprend pas mais qu’il faut néanmoins apprendre le plus rapidement possible ! Vous pouvez ne pas l’aimer. Mais sachez que, lui, a certainement appliqué les règles qu’il préconise !.. Il parle de bons sentiments et d’enseignements politiquement corrects qui ont créé des générations de jeunes to…talement dépourvus du moindre sens des réalités de la vie. Tout en expliquant comment ce « concept » les prédispose à l’échec dans le monde réel, il donne ici dix règles à suivre.
A faire lire à certains ados « révoltés ». Et à d’autres…

Règle 1 : La vie est injuste : habituez vous!
Règle 2 : Le monde se fout de votre amour-propre.
Le monde s’attendra à ce que vous accomplissiez quelque chose AVANT que vous ne vous félicitiez vous-même.
Règle 3 : Vous ne gagnerez pas $60,000 par an en sortant de l’école.
Vous ne serez pas vice-président en commençant, avec GSM et voiture de fonction fournis, avant d’avoir mérité, gagné ces privilèges.
Règle 4 : Si vous croyez que votre professeur est dur avec vous, attendez d’avoir un patron.
Règle 5 : Travailler dans une friterie n’est pas s’abaisser. Vos grands-parents avaient un mot différent pour ça : ils l’appelaient une opportunité.
Règle 6 : Si vous gaffez, CE N’EST PAS LA FAUTE DE VOS PARENTS, arrêtez de chialer et apprenez de vos erreurs.
Règle 7 : Avant que vous naissiez, vos parents n’étaient pas aussi ennuyants qu’ils le sont maintenant !
Ils sont devenus comme ça :
* En payant vos factures,
* En nettoyant vos vêtements
* Et en vous entendant répéter sans arrêt combien vous êtes bons et cools.
Ainsi, avant de sauver les forêts tropicales des parasites de la génération de vos parents, commencez donc par faire le ménage dans votre propre chambre et tout ce qui s’y trouve
Règle 8 : Votre école s’est peut-être débarrassé du système « gagnant-perdant », PAS LA VIE !
Dans certaines écoles, on a aboli les notes de passage et on vous donne autant de chances que vous voulez pour obtenir la bonne réponse.
Ceci n’existe pas dans la vraie vie !
Règle 9 : La vie n’est pas divisée en semestres.
L’été n’est pas une période de congé.
Et très peu d’employeurs sont disposés à vous aider à VOUS ASSUMER, c’est votre responsabilité.
Règle 10 : La télévision n’est pas la «vraie vie».
Dans la vraie vie, les gens quittent le café et vont travailler.
Si vous êtes d’accord, faites circuler, sinon, mettez-vous la tête dans le sable et prenez une grande respiration. »
Bill Gates

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