Paul Yonnet, fin de partie…

Article rédigé par Régis Soubrouillard et publié dans Marianne le 25 août 2011.

« Au début de l’année 1993, il publie le récit d’un Voyage au centre du malaise Français : L’antiracisme et le roman national. Il y instruit le procès de SOS Racisme qui au début années 80 réinstalle la notion de race et « un antiracisme de nouvelle génération » au cœur du débat national et fait succéder « l’utopie immigrationniste et l’idéologie antiraciste » à « l’utopie marxiste ». Faute de projet politique à proposer, la gauche s’engouffre  dans l’anti-racisme et la communautarisation des luttes sociales.

Avec cet ouvrage dont la relecture, 18 ans après, montre qu’il était prophétique, Paul Yonnet sera ainsi la première cible de cette chasse aux réacs, nouveau maccarthysme intellectuel dont Libération et le Nouvel Observateur se font le porte-voix. Avant que le livre de Daniel Lindenberg paru en 2002 sur les nouveaux réactionnaires en soit l’aboutissement par la désignation d’un « infréquentable intellectuel ». Un procès en sorcellerie qui aura surtout servi à révéler les débats interdits qu’une certaine gauche traînera, pendant des années, comme autant de boulets. »

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Paul Yonnet, l’itinéraire d’une génération

(publié par Sabine Audrerie sur le site web la-Croix.com)

« Le tiercé comme divertissement des classes moyennes, le jogging comme phénomène social de masse lié à la crise, le rock et le punk corrélés à l’avènement de la post-adolescence, la quête métaphysique inhérente à l’alpinisme… Paul Yonnet aura pointé, au fil d’une quinzaine de livres, nombre de faits sociaux significatifs de la société contemporaine. »

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L’Europe au bord du gouffre, vue par Jacques Delors

Emission « Les Matins d’Été » sur France Culture du 23 août 2011.

Avec Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne et fondateur du think tank Notre Europe.

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La démocratie italienne dans l’incertitude, avec Marc Lazar

Emission « L’Esprit Public » sur France Culture du 21 août 2011.

Avec Marc Lazar, professeur d’histoire et de sociologie politique à l’Institut d’Etudes politiques de Paris et professeur associé à l’université Luiss-Guido Carli de Rome.

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Paul Yonnet (1948-2011)

(hommage de Marcel Gauchet et Jean-Pierre Le Goff)

Paul Yonnet vient de disparaître à l’âge de 63 ans. Il restera comme l’un des observateurs les plus originaux et les plus pénétrants de la société contemporaine. Au fil d’une dizaine d’ouvrages, il a bâti, depuis les années 1980, une œuvre sociologique puissante et singulière, en marge de l’Université, qui éclaire comme nulle autre l’expérience si déroutante de notre post-modernité.

Né dans la Manche en 1948, enfant de ce baby-boom sur lequel il n’a cessé de réfléchir, Paul Yonnet a fait ses études de sociologie à Caen (où il a été notamment l’élève de Claude Lefort) et à Toulouse. Il a mené toute sa carrière professionnelle au sein d’une organisation inattendue, l’Union nationale des associations familiales (UNAF), qui lui a fourni, en dépit de lourdes contraintes dont il se plaignait souvent, un observatoire privilégié pour quelques-uns des faits sociaux qui lui paraissaient les plus significatifs. L’ensemble de son œuvre tourne autour des formes nouvelles de l’existence dans les sociétés démocratiques. Sa démarche consistait en général à partir de petits faits négligés ou jugés marginaux par la science sociale officielle, – le tiercé, le jogging, le look, les animaux de compagnie -, pour en tirer le sens profond, du point de vue de leurs acteurs. Personne n’a parlé comme lui de ce qu’a voulu dire le rock pour une génération. Jeux, modes et masses, son premier livre, en 1985, recueil d’articles parus dans Le Débat, dont il fut l’un des auteurs emblématiques, a représenté une révélation pour beaucoup, à la fois par la méthode d’exploration mise en œuvre et par le renouvellement du regard sur la société en train de se faire qui en résultait.

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Ecologie : quelle politique ?

Emission « Les Matins d’été » sur France Culture du 18 août 2011 avec de 7h30 à 8h30, un grand entretien consacré à l’écologie, son idéologie et ses stratégies politiques à l’occasion des journées d’été d’Europe-Ecologie Les Verts.

Avec Jean-Pierre Le Goff, philosophe et sociologue, auteur de « La gauche à l’épreuve (1968-2011) », à paraître le 25 août aux éditions Perrin, et Erwan Lecoeur, sociologue et politologue.

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Crise financière: Etats et marchés à couteaux tirés

Emission « Les Matins d’Été » sur France Culture du 11 août 2011.

Aavec Jérôme Batout, économiste, docteur en philosophie et en sciences sociales et enseignant à la London School of Economics, et François Rachline, professeur d’économie à Sciences-po Paris et conseiller spécial de Jean-Paul Delevoye, Président du Conseil économique, social et environnemental.

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Vous retrouverez sur notre site la conférence de Jérôme Batout intitulée « Volonté d’abondance, volonté de croissance » en cliquant ici ainsi que son compte-rendu.

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La Belgique telle qu’elle s’ignore (bis)

En 1997, j’avais publié sous ce même intitulé, dans la prestigieuse revue française Le Débat (1), un texte qui, par sa teneur et sa longueur même, s’apparentait plus à un « essai » qu’à un simple « article ». Le texte commençait par ces mots : « La Belgique existe. Mais, depuis toujours, elle existe sur un mode tel que l’on peut ne pas voir qu’elle existe. Dans cette ruse suprême réside sa singularité. Le profil bas qu’elle adopte avec opiniâtreté, jusqu’à laisser croire qu’elle n’existe pas, dissimule une identité puissante, distinctive et persistante mais qui s’exprime avant tout défensivement ». Je concluais cette introduction par un diagnostic sans ambigüité : la crise que nous traversons est plus une crise de représentation qu’une crise d’identité. Elle provient d’un « décalage entre l’identité vécue et ressentie, d’une part, la teneur des discours politiques et des schèmes intellectuels à même d’en fournir une expression, d’autre part».

Le texte, totalement à contre-courant, avait été beaucoup lu à l’époque mais « sous le manteau », ne donnant lieu qu’à l’un ou l’autre compte rendu dans la presse et à une émission radio de Jacques Bauduin. Dans les partis politiques, seul Ecolo avait donné un large écho public à cette vision hétérodoxe de notre réalité nationale (2).Treize ans plus tard, au vu des péripéties récentes, du Bye Bye Belgium de 2006 à l’irrésistible ascension de la NVA, consacrée par les élections de ce 13 juin 2010, je devrais légitimement me poser la question : ai-je été aveuglé dans mon diagnostic par un amour excessif de la Belgique qu’ont cru y déceler certains journaux de l’époque (3) ?

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Fractures françaises

Emission « L’Esprit public » sur France Culture du 17 juillet 2011 consacrée au livre « Fractures françaises » de Christophe Guilluy, en présence de l’auteur.

Dans un contexte de mondialisation qui amplifie les flux de populations immigrées, les « fractures françaises » constatées par Christophe Guilluy ne sont pas l’effet d’une logique holiste de regroupement en communautés – le communautarisme est un terme impropre car la réalité qu’il est censé désigner n’a rien à voir avec la notion de communauté – mais au contraire le produit d’une logique individualiste de regroupement en marchés fonctionnant de manière unilatérale sur fond d’une absence de volonté politique, apportant ainsi un démenti cinglant au catéchisme des néolibéraux de gauche comme de droite.

Les catégories populaires (par contraste avec les catégories supérieures), qui comprennent entre autres la majeure partie des personnes d’origine étrangère, sont en première ligne pour faire les frais d’un tel aveuglement. C’est faute d’être soutenues par l’Etat et de s’en sentir partie prenante qu’elles en viennent à pratiquer l’évitement et à se replier sur elles-mêmes afin de se protéger quelque peu d’une lutte de tous contre tous qui abandonne les plus faibles à leur triste sort. Elles ne sont pas hostiles à la mondialisation mais demandent à être gouvernées au sein de celle-ci. Pour l’instant, il n’y a que Marine Le Pen qui n’y soit pas sourde. En lui laissant le monopole de cette question, nous contribuons à son succès électoral à venir.

Martin Dekeyser

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L’erreur de Damasio

Note : Ce texte est une discussion critique de l’entretien que nous a fait parvenir notre ami Claude Zylmans et que nous reprenons ci-dessous.

D’origine portugaise, Antonio R. Damasio est professeur de neurologie, de neurosciences et de psychologie. Il est directeur de l’Institut pour l’étude neurologique de l’émotion et de la créativité de l’Université de Californie du Sud depuis 2005. Ses ouvrages, qui témoignent avec clarté de ses recherches, sont publiés en français chez Odile Jacob; les deux plus importants, aux titres explicites, sont : « L’erreur de Descartes. La raison des émotions » (1995) et « Spinoza avait raison. Joie et tristesse, le cerveau des émotions » (2003).  Pour Damasio, qui n’a rien d’un réductionniste, c’est, en effet, le Spinoza de « L’Ethique » (et c’est là qu’il s’arrête), qui préfigure le mieux ce que doit être la neurobiologie moderne de l’émotion, du sentiment et du comportement social.  L’entretien qui suit introduit bien à l’univers de recherches de cet homme passionnant et créatif, aussi éloigné des régressions comportementalistes et cognitivistes que des répétitions phraseuses psychanalytiques actuelles…

Antonio Damasio : « L’esprit est modelé par le corps » 

(in larecherche.fr)

Quand vous admirez La Joconde ou écoutez l’une de vos oeuvres musicales préférées, ce n’est pas seulement votre cerveau qui est mobilisé, c’est votre corps. Émotions et sentiments, même les plus complexes, reflètent une dynamique que l’on commence seulement à explorer. Elle implique des cartes neurales qui traduisent l’activité du corps, dans toutes ses dimensions.

A RECHERCHE : Vous dites que la paramécie, avec son unique cellule, a des émotions. N’est-ce pas aller un peu loin dans l’emploi de ce mot ?

ANTONIO DAMASIO : Avec ses cils vibratiles, la paramécie perçoit immédiatement un environnement favorable ou défavorable, s’écarte vivement d’un contact que son unique cellule perçoit comme dangereux ou agressif, se rapproche de bactéries appétissantes. Ce faisant, elle exprime quelque chose comme le désir inconscient de rester en vie, de préserver l’équilibre du profil chimique de ce que Claude Bernard appelait le milieu interne. Bien que la paramécie soit dépourvue de tout système nerveux, son comportement manifeste déjà l’essence du processus émotionnel, il préfigure le monde de nos émotions. Cela ne signifie pas pour autant qu’elle ressente ces émotions. Elle n’en a pas le sentiment.

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