Boomerang. Europe : voyage dans le nouveau tiers-monde

« Avec un humour non dénué d’empathie, l’ouvrage décrit les ravages du « tsunami planétaire de crédit bon marché » provoqué par la politique pousse-au-crime des banques centrales, qui a englouti Etats, entreprises et ménages entre 2002 et 2008 et conduit à la tiers-mondialisation de sociétés occidentales. L’auteur, inaugurant le « tourisme de désastre financier », a enquêté en Irlande, en Islande, en Allemagne, en Grèce et en Californie. Il a rencontré ministres et banquiers, certes, mais aussi, ce qui donne une verve certaine au récit, des moines grecs affairistes, un pêcheur de morue islandais s’improvisant trader en devises, un pompier américain dans une ville fantôme, un promoteur irlandais déchu, un spéculateur évoquant les « banquiers stupides à Düsseldorf » qui achetaient des actifs pourris. L’ouvrage (dont une évocation de la France aurait été certainement croquignolette) détaille comment chaque pays a foncé vers la banqueroute et essaie de s’en sortir « à sa manière ». L’Islande s’est prise pour un « hedge fund », l’Irlande construisait deux fois plus d’immeubles que tout le Royaume-Uni, les Grecs se mentaient à eux-mêmes en fraudant le fisc tout en attendant tout de l’Etat (600 professions « à risque » partent à la retraite à cinquante ans), les retraités américains ruinaient leur ville, etc. Un jeu de massacre.

La citation. « Des pays entiers se sont vu dire « on a éteint la lumière dans la pièce, il y a une pile d’argent et vous pouvez faire ce que vous voulez, personne n’en saura rien ». Ce qu’ils en ont fait a révélé des aspects de leur caractère national qu’ils auraient préféré cacher. »

L’auteur. Michael Lewis, cinquante-deux ans, a travaillé chez Salomon Brothers, dont il a démissionné pour écrire « Poker menteur ». Il est, depuis lors, journaliste chez « Vanity Fair ». » (Yves Bourdillon, Les Echos)

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