Il y a quelque chose d’absolument irremplaçable dans la presse écrite

Entretien avec le philosophe et historien français Marcel Gauchet paru dans le journal mensuel gratuit de culture citoyenne César.

« Qu’il y ait de la radio, de la télévision, Internet, pour signaler à toute vitesse qu’il se passe telle ou telle chose, c’est très bien. Mais ce n’est pas de l’information ! Ce ne sont que des chambres d’écho de l’actualité. Et l’actualité ce sont des éléments qui se déroulent sans que, nécessairement, l’on en saisisse les tenants et aboutissants. C’est cela, la dignité de l’information ! Et je ne vois pas comment elle peut passer par autre chose que par l’écrit. Avec ce que cela suppose, en amont, de travail dans l’élaboration chez ceux qui la font et, en aval, de temps de réflexion chez ceux qui la lisent.

Après, que cela passe par Internet ou un autre médias, c’est un autre problème. Je crois à la valeur du travail de production de l’information. Ce n’est pas parce que vous avez été témoin d’un attentat que vous êtes un journaliste, quelqu’un capable de construire une information.

On veut là aussi faire l’économie du travail, en pensant qu’il suffit d’une photo prise par un portable et balancée sur Internet. Ce n’est pas de l’information! De la même façon, je ne vois pas comment un lecteur, au-delà de l’intervention de quinze secondes d’un protagoniste à la télé, peut se passer du travail de réflexion à partir d’un support écrit, qui restera la base, et pour très longtemps, de la manière dont fonctionnera la pensée de l’homme.
Et de sa capacité à ne pas être simplement présent à quelque chose, mais à réfléchir sur ce qui s’est passé et à en tirer des conséquences. Il y a donc quelque chose d’absolument irremplaçable dans la presse écrite et si une démocratie n’en tire pas les conséquences l’on se privera d’un outil décisif. Mais il y a des gens que cela ne chagrine pas… » (Marcel Gauchet)

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