La temporalité dans les conduites à risque : l’exemple du film « Fight club »

Article écrit par Jocelyn Lachance et Sébastien Dupont publié dans la revue Adolescence 2007/3 (n°61) puis sur cairn.info.

Quelques années après sa sortie en 1999, Fight Club, film américain de David Fincher (1999) est considéré comme une œuvre culte, notamment auprès du public adolescent. Ce film décrit le parcours d’un homme d’une trentaine d’années qui bouleverse sa vie monotone de cadre et de consommateur lorsqu’il fait la connaissance de Tyler Durden, jeune homme marginal, enclin à la violence, avec qui il créera un club de combat underground, le Fight Club. Cette organisation secrète va ensuite se développer, prendre une dimension politique et engager des actions d’importance contre la société de consommation. Le Fight Club changera alors son nom pour s’appeler « Projet Chaos ». Il est selon nous possible de lire ce film comme une synthèse, une allégorie, de l’adolescence comme passage, dans la société contemporaine (Dupont, Lachance, Lesourd, 2007).

Fight Club est également allégorique d’une autre dimension des comportements humains, celle des conduites à risque. Nous y lisons en effet, presque à livre ouvert, de nombreux aspects de ces conduites telles qu’elles sont analysées dans la littérature anthropologique, sociologique et psychologique (Dupont, Lachance, 2007). Le personnage principal, qui est présenté au début du film comme un homme déprimé, en quête de sens, et que nous interprétons comme un adolescent tourmenté par la perte des repères de l’enfance, va ainsi bouleverser son existence en se livrant à plusieurs types de conduites à risque : les combats du Fight Club, la vitesse en voiture, les activités délictueuses (vols, menaces à main armée, vandalisme), une tentative de suicide, etc.

Le personnage principal, qui est aussi le narrateur du film, est entraîné dans ces expériences de l’extrême par Tyler Durden, dont il vient de faire la rencontre. À la fin du film, nous découvrons que le narrateur et Tyler Durden sont en réalité une seule et même personne. Tyler Durden était issu de l’imagination du narrateur, qui hallucinait son existence. Ce vécu schizophrénique du personnage illustre précisément les mécanismes de clivage du moi ou de dissociation de la personnalité que décrivent les auteurs à propos des conduites à risque, des scarifications, des tentatives de suicide, etc.

De façon plus spécifique, le film met en évidence l’importance particulière de la temporalité dans les conduites à risque. En effet, le narrateur qui, au début du scénario, semble avoir perdu toute inscription temporelle, tant au plan individuel que social, va se construire de nouveaux repères en recourant à plusieurs types de ces conduites.

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