Est-il encore nécessaire d’entrer dans la vie ?

Article écrit par Martin Dekeyser et publié dans Pro J, n°6, juin-août 2013.

On ne parle plus d’entrer dans la vie aujourd’hui car la vie a perdu toute finalité extra-individuelle.

Jusqu’il y a peu, la finalité de la vie était extérieure à elle-même : elle consistait à prendre en charge l’unité et le lien de société, sa perpétuation et sa reproduction, tant au niveau biologique que culturelle. La phase inaugurale de l’existence avait pour fonction de préparer le nouveau venu à la relève générationnelle de ce rôle collectif, un rôle qui lui était confié au terme d’une initiation, c’est-à-dire d’une reconnaissance par l’ensemble de la société de sa capacité à le tenir. La maturité, l’état adulte comme la parentalité se définissaient en fonction de cette finalité collective qui leur conférait un statut, des droits et des prérogatives. En ce sens, les liens de parenté et d’âge constituaient des liens sociaux dans les sociétés dites « traditionnelles ». Au contraire, dans nos sociétés modernes, c’est l’Etat et le lien politique qui garantissent l’unité collective, nous libérant de la responsabilité de l’entretenir et par là-même de la finalité à laquelle nos existences individuelles étaient subordonnées. Dans ce cadre, l’exigence de maturité s’efface. La famille comme la procréation deviennent des affaires purement privées. L’âge adulte ne confère plus aucun statut particulier (1).

L’entrée dans la vie ne concerne plus la collectivité mais est censée relever de l’autodétermination de chaque être.

L’avancée en âge était socialement sanctionnée et ritualisée. Elle était encadrée par des événements qui avaient une fonction initiatique, une dimension cérémonielle et publique. Ils l’ont perdue. Certains, comme le service militaire, ont même disparu. L’initiation sexuelle, le premier amour, l’acquisition de la première moto/voiture ou d’un patrimoine, la cohabitation mariée ou non, l’enfantement, l’obtention d’un diplôme ou d’un premier emploi conservent de l’importance pour l’individu mais en tant que faits privés. Ce ne sont plus des marqueurs sociaux, des épreuves risquées et probantes qui signalent un changement de statut. L’idée d’un seuil à franchir, sanctionnant la sortie d’un âge pour l’entrée dans un autre, au sein d’un continuum irréversible ponctué d’étapes disparaît au profit de celle de transition et de trajectoires réversibles et discontinues. On n’entre plus dans un état stable et achevé ou dans un circuit tracé à l’avance.

La vie individuelle perd toute finalité extrinsèque dans la mesure où la finalité de la vie comme l’avenir deviennent indéfinissables en termes de contenu, infigurables. A cela, différentes causes qui se déploient à partir des années 1970 : l’allongement de la vie qui en éloigne le terme, l’accélération du changement social, l’accroissement de la mobilité sociale qui libère les aspirations d’une détermination directe par l’origine, la génération précédente ou la tradition, la disparition des utopies révolutionnaires et progressistes, enfin la crise de l’Etat-providence comme moyen de maîtrise collective et de projection dans l’avenir.

La vie individuelle est devenue à elle-même sa propre finalité. S’identifiant à l’individualité, la vie débute dès la naissance et s’achève à sa mort. Porté par une nouvelle vague d’individualisation, l’individu et ses aspirations sont venus occuper le vide créé par l’éclipse de ses anciennes finalités collectives. Les perspectives existentielles se sont individualisées. Vivre, mûrir, devenir adulte, se sont redéfinis en fonction de l’individu comme un devenir soi, une construction, une autodétermination.

La phase inaugurale de l’existence a pris dans un tel cadre un nouveau sens qui cesse d’en faire une entrée dans quelque chose.

Si la vie consiste à devenir soi, le début de celle-ci ne peut plus consister à se préparer ou s’initier à quelque chose d’extérieur à soi dans lequel on aurait à entrer ou s’engager, comme une carrière, un état ou un mode de vie. Désormais, mûrir ou devenir adulte, c’est accumuler un maximum de ressources et de moyens pour se construire et se réaliser. Cela débute dès sa naissance et se poursuit le plus longtemps possible, jusqu’à sa mort ou lorsque s’entame son déclin, après le troisième âge.

La thèse de Lapassade

Cette conception nouvelle d’une vie radicalement individualisée et qui ne suppose plus d’entrer dans quoi que ce soit d’extérieur à elle puisqu’elle n’a plus de finalité extrinsèque, on en trouve la première formulation théorique il y a un demi-siècle dans la thèse de Georges Lapassade qu’il publie en 1963 sous l’intitulé « L’entrée dans la vie. Essai sur l’inachèvement de l’homme » (2).

A l’époque où Lapassade écrit, la vie a une finalité claire, un âge-étalon ou pivot sur lequel elle se centre et auquel la jeunesse doit préparer : l’âge adulte ou de la maturité, identifié au travail ou au foyer selon le sexe, à la stabilité et l’engagement à long terme. Pour les hommes, un emploi salarié à temps plein, une carrière. Pour les femmes, l’élevage des enfants et l’entretien de la sphère domestique. Pour tous deux, un logement, un mariage, et les mêmes pendant toute la vie.

Cette conception de la vie est liée à la mise en place de l’Etat-providence à partir de 1945 qui vise, après les périodes mouvementées qu’ont été la crise du libéralisme de 1880 à 1914 puis la phase totalitaire, à stabiliser les démocraties libérales, à constituer des équilibres en contrôlant l’économie et en instaurant le Welfare State (3).

Or rapidement, en une quinzaine d’années, ce qui va se faire jour, c’est une croissance qui ne faisait pas partie des objectifs d’origine de l’Etat-providence au niveau démographique (le baby-boom), économique (les Trente Glorieuses) ou individuel (l’allongement de la vie, le troisième âge). La société et les individus qui la composent perdent leur caractère stationnaire, emportés par une dynamique interne qui s’accélère. Si l’Etat-providence ne va pas tarder à redéfinir l’organisation collective en fonction d’un objectif de croissance, c’est sur base du même constat que Lapassade redéfinit la vie individuelle.

Pour redonner à la vie entière la dynamique qui lui est propre, il est nécessaire de lever ce qui lui fait obstacle, la maturité-étalon identifiée à un état stable et achevé dans lequel il faudrait entrer, qui masque le fait que la croissance de l’être humain persiste jusqu’à sa mort. C’est l’ancienne entrée dans la vie qui empêche d’entrer dans la vraie vie synonyme d’inachèvement permanent, de perpétuel devenir soi. Ce faisant, Lapassade ôte à l’existence toute finalité extrinsèque et l’individualise radicalement. Il supprime également toute entrée dans la vie dans la mesure où la vie même « n’est rien d’autre que le processus de donner naissance à soi-même » (4). D’où l’idée qu’il ne faut jamais rompre avec l’enfance mais aussi que l’adolescence, période de transition par excellence, devient permanente et modèle de l’existence.

Dans ce cadre, Lapassade identifie la révolte des jeunes qu’il observe durant les années 1960 à la remise en cause du mythe adulte et à la promotion d’une vie autonome et en croissance perpétuelle.

Paradoxes du statut adolescent

Cette révolte est liée au statut particulier de la jeunesse à cette époque. Si la jeunesse traditionnelle était intégrée au monde adulte tout en lui étant subordonnée, la jeunesse adolescente qui se généralise à partir de la fin du 19ème siècle en lien avec le développement de l’enseignement secondaire vit une subordination et une dépendance inédites dans la mesure où celle-ci ne s’accompagne d’aucune intégration, reconnaissance sociale ou identité en compensation (5). Son statut se rapproche de celui de l’enfance. Toute une série de comportements qui lui étaient autorisés lui sont désormais interdits (alcool, sexualité, etc). C’est une phase de marginalisation, de no man’s land.

C’est cette subordination inédite que remet en cause Lapassade et dont il souhaite émanciper la jeunesse au nom d’une conception dynamique de la vie. Or il se fait que c’est précisément parce qu’elle incarne le changement social, un avenir supposé autonome du présent comme du passé ou du monde adulte, que la jeunesse adolescente fait l’objet d’une valorisation nouvelle et, à ce titre, d’une dépendance nouvelle. Autrement dit, statut adolescent et conception dynamique de la vie sont liés, l’un étant la condition de production de l’autre.

Le statut adolescent de la jeunesse correspond à la nécessité pour la collectivité de s’en saisir afin d’en faire un agent du changement, un acteur social d’un nouveau type puisque ne reconduisant pas la tradition. Cela suppose une nouvelle éducation. L’instruction ne suffit plus. Il faut préparer le nouveau venu aux rapports et aux rôles sociaux via les savoirs scolaires. Cela se traduit par une subordination et une dépendance inédites au monde déjà là qu’il va s’agir de transformer.

C’est au regard de cette valeur d’avenir qu’elle incarne que la jeunesse est dotée d’un nouveau statut infantilisant mais aussi qu’elle souhaite s’en émanciper. La tension et les frustrations nouvelles dont témoigne la jeunesse adolescente sont liées à la combinaison paradoxale de ce statut dévalorisant et de la valorisation dont elle fait l’objet, et non à une psychologie propre à cet âge.

Combinaison qui nourrit, tout autant au travers de « formations compensatoires » (les mouvements juvéniles autonomes) que du génie adolescent, une dynamique de révolte de la jeunesse contre son statut infantilisant qui est en même temps une dynamique de changement social dans la mesure où la jeunesse vise à conquérir le pouvoir d’avenir qui lui est délégué. C’est au sein de cette dynamique qui se massifie dans les années 1960 que s’inscrit la thèse de Lapassade. Derrière l’émancipation du  monde adulte auquel elle est subordonnée, la jeunesse porte une volonté d’ensemble de la société de s’émanciper du monde ancien et de promouvoir un monde nouveau. A l’époque, les jeunes se font les chantres au travers de leur culture propre d’un changement de la société toute entière, d’une nouvelle conception de la vie, d’une sortie de la tradition, d’une remise en cause de l’organisation collective, d’une promotion de l’avenir et de l’individualité.

Une nouvelle jeunesse

A partir des années 1970, le statut adolescent disparaît, engageant une redéfinition des contours de la jeunesse et de ce qui la suit, un brouillage des catégories dans lequel nous nous trouvons encore aujourd’hui et qui se manifeste par une pluralité de néologismes : « adonaissant » (de Singly), « post-adolescent » (Béjin), « adulescent » (Anatrella), « jeune adulte » (Galland). Au travers de ces différentes notions, on peut néanmoins tenter de dégager un nouveau modèle qui émerge, paradoxal à plus d’un titre.

Les jeunes n’ont plus à se préparer à un rôle adulte auquel ils seraient subordonnés. Ils ont acquis un nouveau statut semi-adulte qui leur confère les signes d’une maturité précoce. Quittant la marginalité, la jeunesse bénéficie désormais d’une reconnaissance et d’une identité pleine et entière. Les jeunes sont considérés comme des participants effectifs à la production de la société. Ils deviennent des individus, jouissant d’une liberté et d’une autonomie nouvelle, plus large et plus précoce qu’auparavant (6). On les responsabilise de plus en plus tôt. Leur intégration sociale nouvelle se traduit par une acquisition rapide des codes de la vie sociale, de capacités stratégiques, d’observation, de compréhension et d’adaptation rapide à celle-ci. Ils s’apaisent également dans la mesure où la source de leurs frustrations et de leur révolte disparaît. L’émancipation est conquise. Le combat de Lapassade semble gagné.

Mais en perdant son statut adolescent, la jeunesse perd aussi ce qui l’articulait au changement social. L’éducation vise désormais à lui permettre d’advenir à elle-même, non plus d’en faire un agent du changement. Elle la dissocie d’un collectif qu’elle n’est d’ailleurs plus pressée de prendre en charge, dans lequel elle n’a guère envie d’entrer. D’une jeunesse en révolte, pressée de se saisir du monde adulte auquel elle était subordonnée pour le transformer, on passe à une jeunesse en sécession d’un monde à l’écart duquel elle est élevée.

Sa croissance s’individualise radicalement tandis qu’elle stagne socialement. La jeunesse a cessé d’être une phase de maturation sociale. Elle « ne s’accompagne plus dans les sociétés occidentales d’une progression de l’expérience utile et reconnue, d’un accroissement des capacités vérifié par quelque responsabilité » (7). Son passage à l’âge adulte ne se traduit plus par l’acquisition d’un nouveau statut.

Aussi, sa maturité précoce compose avec une immaturité prolongée.

La jeunesse se rapproche de l’enfance en restant confinée à l’écart du monde adulte et du travail, protégée dans sa différence, dépendante de ce monde dont elle est préservée, focalisée sur son advenue à elle-même, nouvel objectif d’une éducation de plus en plus longue (8).

Une fois les études achevées, s’ouvre une longue période d’entrée progressive dans le monde par adaptation et expérimentation, un processus qui peut inclure des transmissions mais choisies, composées à partir de soi. C’est une phase d’autoconstruction qui se fait par essais et erreurs, tâtonnements, et plus un héritage ou une identification à des rôles assignés. Cela prend du temps, cette phase est longue, une dizaine d’années couramment. La mise en couple comme au travail sont à l’essai, toujours révocables. Du coup, les situations familiales et professionnelles se stabilisent plus tard, généralement pas avant 30 ans.

Apparaît la figure nouvelle du jeune (ou de l’immaturité) adulte, au statut proche de l’adulte mais ne sacrifiant rien à sa jeunesse. Dans la mesure où rester jeune, c’est conserver la liberté de se construire, l’entrée dans la vie se fait en quelque sorte à reculons, focalisé sur les marges de manœuvre que l’on conserve, résigné quant aux déterminations, limitations et engagements qui finissent bien par s’imposer. En ce sens, la nouvelle jeunesse n’est guère pressée de mûrir. D’autant que l’âge adulte a perdu son caractère de nécessité et son attrait dans la mesure où la charge collective à laquelle il était associé s’est effacée. Du même coup, il a cessé de s’identifier à une maturité. Devenir adulte, ce n’est plus entrer dans un état stable et achevé. La croissance se poursuit bien au-delà de 50 ans. La vieillesse comme déclin a reculé. Dans une certaine mesure, la vie est devenue une perpétuelle entrée dans la vie.

Un nouvel individu

Cette dissociation de l’individuel et du collectif ne concerne pas que la jeunesse. Elle est liée à l’émergence d’un nouvel individu.

C’est dans un contexte de crise des solutions collectives qui avaient prédominées durant la phase totalitaire puis l’Etat-providence que va émerger durant les années 1980 un nouvel individualisme et une nouvelle socialisation dissociant l’individuel du collectif en lien avec une nouvelle politique basée sur les droits de l’homme (9).

Cette consécration du droit de l’individu transforme la condition individuelle et produit un nouvel individu hautement paradoxal dans la mesure où il se considère comme antérieur et extérieur au lien de société mais ne doute pas le moins du monde de son appartenance (10). Ce nouvel individu est le produit de sa société entre autres via l’éducation, l’Etat, la société de consommation, la société de l’information, etc. Mais il se conduit comme s’il restait extérieur au milieu de sa socialisation.

S’il peut vivre dans une telle ignorance, c’est d’une part parce que l’unité de la société ne dépend plus de son concours. Sa production est passée du côté du politique, comme nous l’avons vu en introduction de ce texte. C’est ce nouveau mode de cohésion collective ainsi que cette socialisation sans précédent dont il fait l’objet qui permettent à l’individu de ne plus se consacrer qu’à devenir lui-même, à jouir d’une existence véritablement intime et personnelle.

D’autre part, c’est parce qu’il fait l’objet d’une socialisation d’un type nouveau dans la mesure où elle ne vise plus à produire un être pour la société, qui se détache de lui-même pour parler et agir au nom de tous, mais en mesure de s’y adapter, c’est-à-dire de coexister avec d’autres êtres préoccupés comme lui par la reconnaissance de leur singularité.

*

Dans ces conditions, la question de l’entrée dans la vie se repose à nouveau mais dans des termes très différents de ceux de Lapassade.

Les nouvelles conditions faites à la jeunesse, associant autonomie à l’abri du monde, individualisation radicale et dépendance, ne favorisent pas l’accès à l’indépendance personnelle et à l’autodétermination qui en est pourtant l’enjeu principal. Elles compliquent le processus d’individuation psychique, l’accès à la personne qui confère la capacité d’usage social de soi (11). L’autonomisation dans la différence ne facilite pas le passage dans l’ordre du même, le fait de se sentir comme un parmi d’autres. Or sans elle, difficile de prendre ses distances et d’assumer sa différence en société.

Mais aussi de s’insérer socialement et professionnellement. L’entrée dans la vie est d’autant plus difficile qu’on y est abandonné en terre inconnue. Si la famille reste un refuge protecteur, au dehors, les jeunes doivent se débrouiller seuls au sein d’un monde auquel ils n’ont pas été préparés et dont les conditions d’entrée se sont durcies (examens d’entrée, numerus clausus, expérience exigée, stages non rémunérés). Qui plus est, ils doivent créer leur place car ils n’y sont pas attendus. Chacun est confronté à ses propres difficultés, sans aucun discours social d’accompagnement ni aucune culture qui donnerait sens à ce que l’on vit puisque l’entrée dans la vie est censée être un processus purement individuel.

Martin Dekeyser

(1) Marcel Gauchet, La redéfinition des âges de la vie in Le Débat, 132, novembre-décembre 2004

(2) Elle a été rééditée en 1997 par Economica

(3) Marcel Gauchet, L’avènement de la démocratie, 3. A l’épreuve des totalitarismes (1914-1974), Gallimard, 2010

(4) Erich Fromm, cité par Georges Lapassade, L’entrée dans la vie. Essai sur l’inachèvement de l’homme, Economica, 1997, p. 20

(5) Je m’appuie ici sur Jacques Goguen, Ascension et déclin des mouvements de jeunes in Le Débat, 132, novembre-décembre 2004

(6) Je ne m’étends pas sur ce point que j’ai développé dans Les ambiguïtés de la condition contemporaine des jeunes in Pro J, 2, juin-août 2012

(7) Paul Yonnet, Jeux, modes et masses, Gallimard, 1985, p. 180

(8) Je renvoie à nouveau le lecteur à mon article intitulé Les ambiguïtés de la condition contemporaine des jeunes in Pro J, 2, juin-août 2012

(9) Marcel Gauchet, Quand les droits de l’homme deviennent une politique in La démocratie contre elle-même, Gallimard, 2002

(10) Marcel Gauchet, Essai de psychologie contemporaine I in La démocratie contre elle-même, Gallimard, 2002

(11) Jean-Claude Quentel, L’adolescence aux marges du social, Yapaka.

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