Comment nos sociétés se sont transformées en machines à générer de la solitude chez les jeunes

Article écrit par Sébastien Dupont publié sur le site web Atlantico.fr le 17 juin 2012.

Une étude parue dans le quotidien La Croix indique que les jeunes adultes ont tendance à se sentir de plus en plus seuls. Un phénomène qui n’est pas sans rapport avec la valorisation de la sociabilité et de la célébrité.

Une enquête récente, commandée par la Société de Saint-Vincent-de-Paul et publiée dans La Croix, confirme une tendance qui avait déjà été indiquée par d’autres études : les adolescents et jeunes adultes disent de plus en plus se sentir seuls ou exclus. Comment interpréter cette généralisation du sentiment de solitude chez les jeunes générations ? Comment comprendre que les jeunes se sentent si isolés, si « déliés », si peu intégrés à leurs cercles d’appartenance naturels (famille, amis, camarades d’étude, collègues de travail…) ?

Un phénomène de société

Chaque cas, bien sûr, est singulier. Et la sensibilité au sentiment de solitude ou d’exclusion relève de nombreux facteurs psychologiques et affectifs qui participent du parcours individuel de chacun. Mais, au-delà de ces cas particuliers, ces enquêtes nous révèlent le caractère généralisé et sociétal de ce phénomène. Du point de vue sociologique, elles nous font voir combien nos sociétés peinent à donner à leur membres le sentiment d’en faire partie, d’y appartenir. Comme l’avait anticipé, avec clairvoyance, le célèbre sociologue Émile Durkheim, dès le début du xxe siècle, les sociétés modernes, individualisées et étatisés, exposent leurs membres au sentiment d’isolement et d’anomie.

Le sentiment de solitude fait ainsi partie des états psychiques qui ont émergé et se sont amplifiés chez les individus des sociétés industrialisées, parallèlement à la dépression et aux idées suicidaires. Il apparaît comme le revers inévitable de la liberté et de l’individualisme de l’homme moderne. Si sa généralisation est attestée à tous les âges de la vie, les jeunes, qui ont justement pour tâche de s’entrer dans la société, y sont particulièrement vulnérables.

La solitude : un sentiment subjectif et relatif

Pour mieux comprendre ce phénomène, il faut bien distinguer le sentiment de solitude (la solitude « perçue ») de l’isolement social réel, car les deux ne vont pas toujours de paire : les personnes qui se sentent les plus seules ne sont pas nécessairement les plus isolées socialement, et vice versa. Non seulement le sentiment de solitude est subjectif, mais il est surtout relatif : chacun juge son « capital social » à l’aune du niveau de sociabilité à laquelle il aspire ou de celui que la société qui l’entoure présente comme souhaitable.

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